L’Iran a protestĂ© auprès de la France contre la participation du film Holy Spider/Les nuits de Mashhad au Festival de Cannes. Le film raconte l’histoire vraie d’un tueur en sĂ©rie ayant assassinĂ© des prostituĂ©es dans la ville sainte de Mashhad, et qui lors de son procès avait clamĂ© avoir voulu nettoyer les rues de Mashhad du vice.
Les nuits de Mashhad du réalisateur danois d’origine iranienne Ali Abbasi a participé à la compétition officielle longs métrages du festival, dont la 75ème édition s’est achevée la semaine dernière par une cérémonie de clôture au cours de laquelle l’actrice principale, Zahra Amir Ebrahimi, iranienne exilée et résidente en France, a remporté le prix de meilleure actrice.
Zahra Amir Ebrahimi joue le rĂ´le d’une jeune journaliste de TĂ©hĂ©ran, qui traque personnellement un tueur en sĂ©rie ayant commis 16 meurtres dont ont Ă©tĂ© victimes des prostituĂ©es Ă Mashhad, dans le nord-est de l’Iran. Mashhad est l’une des villes saintes chiites les plus importantes car elle abrite le mausolĂ©e de l’imam Reza, en l’honneur de Ali al-Reza, le 8e des Douze Imams du chiisme duodĂ©cimain. Dans sa quĂŞte de la vĂ©ritĂ©, la journaliste est confrontĂ©e au machisme d’une sociĂ©tĂ© iranienne patriarcale.
« Nous avons dĂ©posĂ© une protestation officielle auprès du gouvernement français par l’intermĂ©diaire du ministère des Affaires Ă©trangères », a dĂ©clarĂ© le ministre de la Culture et de l’Orientation islamique Mohammad Mehdi Esmaili Ă la tĂ©lĂ©vision d’Etat.
« Nous prendrons certainement cette question en considération dans nos échanges culturels avec des gouvernements similaires », a-t-il ajouté, sans fournir de détails supplémentaires.
L’Organisation cinĂ©matographique iranienne affiliĂ©e au ministère de la Culture a, par ailleurs, critiquĂ© le festival pour avoir projetĂ© le film et lui avoir octroyĂ© un prix, affirmant que le festival avait commis un « acte biaisĂ© et politisĂ© en rĂ©compensant un film faux et dĂ©goutant« . Elle a estimĂ© que Les nuits de Mashhad prĂ©sente une « image sombre et dĂ©formĂ©e de la sociĂ©tĂ© iranienne et insulte ouvertement les croyances de millions de musulmans chiites ».
Zahra Amir Ebrahimi s’Ă©tait faite connaĂ®tre en Iran au dĂ©but des annĂ©es 2000, surtout grâce Ă un rĂ´le qu’elle avait jouĂ© dans la sĂ©rie Nargess, mais elle avait Ă©tĂ© contrainte de quitter le pays et de se rĂ©fugier en France en 2008, environ deux ans après qu’un scandale sexuel l’ait touchĂ©e.
L’affiche du film « les nuits de Mashhad »Â
Les nuits de Mashhad Ă©tait l’un des deux films iraniens ayant participĂ© Ă la compĂ©tition officielle du Festival de Cannes, avec Leila’s brothers rĂ©alisĂ© par Saeed Rostaee, dans lequel il raconte l’histoire d’une famille au bord de la dĂ©sintĂ©gration. Leila’s brothers a remportĂ© le Prix du meilleur film du Jury FIPRESCI.
Un troisième film iranien, Tasavor (Imagine) de Ali Behrad était en compétition dans la section parallèle « La semaine de la critique ». Tasavor est un road-movie nocturne dans les rues de Téhéran, basé sur une succession de saynètes jouées par deux acteurs : l’un joue toujours le même personnage, celui d’un chauffeur de taxi, tandis que l’autre, la femme, incarne plusieurs personnages.
Le cinĂ©ma iranien a acquis une renommĂ©e internationale grâce Ă des personnalitĂ©s telles qu’Abbas Kiarostami, qui a remportĂ© la Palme d’or Ă Cannes en 1997, Mohammad Rasoulof, dont le film Un homme intègre avait remportĂ© le Prix un Certain Regard Ă Cannes en 2017, et le film Le Diable n’existe pas, l’Ours d’Or Ă Berlin en 2020, et Asghar Farhadi, qui a remportĂ© le Prix du meilleur scĂ©nario au Festival de Cannes 2016 pour Le Client, le Grand Prix du Festival de Cannes pour Un hĂ©ros (ex aequo avec Compartiment n° 6 de Juho Kuosmanen) en 2021, et deux oscars du meilleur film international, en 2012 pour Une sĂ©paration et en 2017 pour Le Client. Il a Ă©galement Ă©tĂ© membre du jury du 75e festival de Cannes en 2022.
NeĂŻla Driss
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