Le Fifak 2023 a présenté hier la plateforme PlayLab Films dont l’initiatrice, la Colombienne Estephania Bonnet Alonso, est l’une des membres du jury international.
C’est la première fois que la productrice Estephania Bonnet Alonso visite la Tunisie. Arrivée directement de Mexico où elle animait un atelier, cette Colombienne qui réside en Espagne depuis douze ans, est parvenue à Kélibia après un périple éprouvant.
Habituée de ces vols intercontinentaux où la récupération de sa propre énergie, est un art qu’on finit par maîtriser, Estephania Bonnet Alonso a vite pris ses marques au sein du jury international du festival.
Attentive lors des projections, prenant des notes, en interaction avec les autres membres du jury, elle suit avec ravissement chaque soirée du festival et avoue être impressionnée par la vitalité du public et le cosmopolitisme du festival.
Cette productrice internationale aurait dû découvrir le Fifak il y a un an mais un workshop l’avait empêché de s’engager avec la Fédération tunisienne des cinéastes amateurs. Ce n’était que partie remise, car une année plus tard, la voici venue à la découverte d’un festival dont le rayonnement international est indéniable.
Estephania Bonnet Alonso fait partie des nombreux opérateurs culturels qui savent que le Fifak est autant un vivier qu’un observatoire et une manifestation qui compte dans le paysage international.
Profitant de son passage en Tunisie, le Fifak a programmé mercredi, un gros plan sur PlayLab Films, la structure de production que dirige Estephania Bonnet Alonso qui a pris la parole au Théâtre de plein air et présenté deux films expérimentaux.
Parlant de son projet qui a démarré en 2014 avec le soutien actif du cinéaste iranien Abbas Kiarostami pour les trois premières années, la productrice a souligné le caractère itinérant des ateliers qu’elle organise.
Chaque fois,l’atelier se déroule dans un pays différent, ce qui a mené PlayLab Films de Cuba au Pérou, de Barcelone à Mexico. Cette méthode nomade pousse les cinéastes qui participent aux ateliers à sortir de leur zone de confort et aussi ajuster leur créativité aux variations culturelles.
PlayLab Films se développe selon deux axes : un laboratoire créatif et un laboratoire de production. De la sorte, un soutien décisif est apporté aux artistes qui peuvent travailler sur leurs œuvres puis être relayés pour la production et surtout la diffusion.
L’objectif proclamé d’Estephania Bonnet Alonso est d’appuyer les cinéastes émergents puis propulser leurs carrières en les insérant dans des réseaux de diffusion à l’échelle internationale.
Les ateliers créatifs de PlayLab Films durent une douzaine de jours et se déroulent en cercle clos avec pour but de décrocher du quotidien pour se consacrer au cinéma selon une approche pratique. Ces douze jours sont comparables à un stage bloqué durant lequel chaque cinéaste devra créer une œuvre expérimentale.
A chaque fois, cinquante cinéastes sont rassemblés après avoir été choisis par un comité de sélection qui reçoit une moyenne de quatre cents candidatures. Plus tard, sur les cinquante films réalisés, une dizaine feront l’objet d’une diffusion internationale.
Cette année, des cinéastes de vingt-sept pays ont participé à l’atelier de Mexico et leurs œuvres sont appelées à bientôt circuler. Peut-être qu’à l’avenir, des réalisateurs tunisiens pourront trouver leur élan à partir de cette plateforme dédiée aux jeunes talents émergents.
Aujourd’hui, Estephania Bonnet Alonso produit et diffuse des réalisateurs de nombreux pays à l’image du Danemark, du Costa Rica, des Usa, de Suisse ou d’Argentine.
La présence en Tunisie de cette productrice qui connaît parfaitement la région sud-américaine peut ouvrir des perspectives hispaniques à la diffusion des films tunisiens.
Mais pour l’heure, Estephania Bonnet Alonso est plongée dans le travail du jury international du Fifak, une tâche ardue vu le nombre et la diversité des films mais aussi une découverte esthétique et culturelle que l’invitée de la FTCA savoure à chaque projection.