Tunisie : Le gouvernement Jomli passera-t-il le cap de l'ARP ?

Tunisie : Le gouvernement Jomli passera-t-il le cap de l'ARP ?
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Le gouvernement Jomli obtiendra-t-il le vote de confiance de l'Assemblée des représentants du peuple (ARP) le 10 janvier prochain ? Certains pensent que le nouveau gouvernement sera adoubé sans accroc et que le vote passera comme une lettre à la poste. Or, les derniers développements sur la scène politique tunisienne montrent que cela pourrait être beaucoup plus serré que cela en a l'air. Après avoir annoncé officiellement la composition de son gouvernement, fort de 42 membres dont 28 ministres et 14 Secrétaires d’Etat, le chef du gouvernement désigné, Habib Jomli se prépare à ce vote de confiance auquel doit se soumettre son équipe. Il a déjà le soutien indéfectible d'Ennahdha puisque le Conseil de la Choura du mouvement islamiste a annoncé son soutien au gouvernement proposé par Habib Jomli. Selon le président du conseil, Abdelkrim Harouni, cette décision a été prise malgré certaine réserves sur certains de ses membres et Ennahdha votera la confiance au nouveau gouvernement. De son côté, Qalb Tounes reste indécis. Si son président, Nabil Karoui a indiqué, ce dimanche 5 janvier 2020, que son parti refuse le gouvernement de Habib Jomli, considérant qu'il s'agit d'un gouvernement en majorité nahdhaoui, il pourrait changer d'avis. Iyadh Elloumi, dirigeant de Qalb Tounes, avait, en effet, souligné, jeudi dernier, l’existence de "compétences réelles au sein de la composition du gouvernement", ajoutant "qu’aucune orientation politique particulière ne se dégage de cette composition". Une annonce en totale contradiction avec les déclarations de Nabil Karoui. Le bloc Démocratique a décidé, quant à lui, de ne pas voter en faveur de ce gouvernement lors du vote de confiance, estimant que le gouvernement qu’on qualifie de gouvernement de compétences est, en réalité, le gouvernement d’Ennahdha et de Qalb Tounes. Le bloc démocratique est composé de 41 députés et regroupe les députés du mouvement Echaab, du Courant démocratique (Attayar) et d’indépendants. Idem pour le bloc Tahya Tounes, qui ne votera pas en faveur du gouvernement de Habib Jomli comme annoncé, jeudi dernier, per Walid Jalled. Quant au bloc de la Réforme nationale, il reste hésitant. Hssouna Nasfi, président du groupe (15 députés) a indiqué que son bloc doit encore se réunir pour prendre une décision concernant un doute sur certains noms de la liste de la nouvelle équipe qui suscitent des interrogations sur leur indépendance et leur compétence. De son côté, Abdellatif Aloui, député du groupe de la Coalition Al Karama (21 élus) qualifie la composition proposée de "gouvernement de raccommodage" et a annoncé que le bloc Al Karama ne votera pas en faveur du gouvernement Jomli. Pour sa part, le porte parole du bloc Al Moustakbal (9 députés) Issam Bargougui a fait savoir dans une déclaration accordée à l’Agence TAP que "la composition du gouvernement proposée par Jomli ne traduit pas la volonté populaire et consacre clairement les calculs partisans", annonçant ainsi l'intention de son bloc à ne pas voter en faveur de ce gouvernement. Pour lee Parti destourien libre (PDL) qui compte 17 députés, la question ne mérite pas d'être posée puisque dès le début la décision de principe de ne pas voter la confiance au gouvernement proposé a été prise. Le vote de confiance à l’ARP a été fixé au 10 janvier 2020. Les procédures de vote de confiance sont régies par les articles 142, 143 et 144 du Règlement intérieur de l’ARP. Avant l’ouverture de la séance relative au vote de confiance au gouvernement, un dossier contenant un résumé du programme de travail du gouvernement ainsi qu’une brève présentation de ses membres est distribué aux députés avant que le chef du gouvernement ne présente un bref exposé du programme de travail de son équipe. Puis, c’est au tour des députés d’intervenir dans la limite du temps alloué au débat général avec Habib Jommli. Après une levée de séance la plénière reprend ensuite avec le vote de confiance qui est un vote unique sur l’ensemble des membres du gouvernement et la mission assignée à chaque membre. Pour obtenir la confiance de l’Assemblée, il est nécessaire d’obtenir l’approbation de la majorité absolue des membres (109 voix).



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