Ramadan’s hit parade !

Ramadan’s hit parade !
Tunis-Hebdo
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Il commence toujours par la même chanson, celle du croissant : demain sera-t-il le premier jour du mois saint ? On monte sur la colline, on scrute le ciel, et le mufti, qui n’a presque rien à faire pendant toute l’année, vient, après un «suspense» soutenu et insoutenable, nous annoncer la bonne nouvelle («Oui, demain c’est Ramadan !) ou bien nous renvoyer au surlendemain. Un sursis en quelque sorte pour ceux et celles qui n’ont pas terminé leurs emplettes ou ne sont pas encore psychologiquement prêts pour affronter un long mois de jeûne. Mais avant que Ramadan ne commence, il y a – je ne dois pas l’oublier – la chanson du prologue, celle de l’Etat qui, deux ou trois mois avant le mois saint, entonne cet air annuel si connu : «Citoyens, n’ayez crainte pour vos ventres ! Tout est prêt pour la grande bouffe !». Et cet Etat, dans toute sa majesté d’Etat, s’en va, telle une bonne mère nourricière, sur les marchés étrangers, nous acheter de la viande (ovine et bovine), du poulet, des œufs et je ne sais quoi d’autre. Qu’importent le déficit de la balance commerciale et la pénurie des devises étrangères quand le peuple est rassasié ? «Bouche pleine ne saurait rouspéter» : telle est, paraît-il, la seule devise sur laquelle tous les gouvernements sont d’accord ! Revenons maintenant au premier jour de Ramadan et à ces deux chansons tous les ans répétées ! Celle du matin c’est : «Comment vont les prix aujourd’hui ?». La réponse vient tout de suite : «Comme d’habitude, en ce premier Ramadan, ils ont la fièvre !», mais c’est le consommateur qui en est malade. Et c’est bien fait pour lui ! La seconde chanson, celle du soir, concerne les feuilletons de Ramadan : «Que va-t-on nous offrir en guise de digestif ramadanesque ?». La réponse ne tarde pas à venir, juste après la rupture du jeûne : «De la violence, de la violence et encore de la violence !». Pour aider à votre lourde digestion, sans aucun doute ! Ou bien alors, on comptera sur votre engourdissement, physique et intellectuel, pour vous proposer un humour de bas étage, qui ne ressemble vraiment à rien, artistiquement parlant. Une fois passé le cap du premier jour, Ramadan est un éternel recommencement «jeûne - bouffe - feuilleton», pour finir comme il a commencé par la chanson du croissant : demain sera-t-il le premier jour de l’Aïd ? On monte sur la colline, on scrute le ciel, et avec un peu de chance, le mufti, qui, paraît-il, n’a rien à faire sauf chasser le croissant, viendra nous annoncer la bonne nouvelle : «Ça y est, c’est l’Aïd ! Demain ; de bon matin, vous aurez droit à un café-crème et un croissant !».

Adel LAHMAR Tunis-Hebdo du 13/05/2019




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