Ramadan tous azimuts

Ramadan tous azimuts
Tunis-Hebdo
print



1 - Le Ramadan de la consommation. En ce premier jour du mois saint, les prix s’enflamment, et la mercuriale est prise de fièvre. Mais en voyant les Tunisiens se bousculer dans les marchés et les supermarchés, pour acheter n’importe quoi et à n’importe quel prix, je ne peux m’empêcher de penser qu’ils méritent bien l’enfer qu’on leur a préparé. 2 - Le Ramadan de tous les excès. Un chercheur français a fait, il y a quelques années, une étude très sérieuse sur les poubelles parisiennes afin d’en ressortir des comparaisons d’ordre socio-économique concernant le comportement nutritionnel des Français. En Tunisie, et sans avoir besoin d’études scientifiques, les poubelles de la plupart de nos concitoyens en ce mois de Ramadan parleront d’elles-mêmes, dénonçant un excès de consommation qui jure avec les apparences d’ascétisme de ce mois. 3 - Ramadan international. Dans cette course effrénée à la consommation, Ramadan, le mois saint de l’Islam, prend chez nous, dans nos cuisines et sur nos tables, l’allure d’une fête internationale et d’une «grande bouffe» à laquelle contribuent plusieurs nations. Le mouton est roumain, la vache espagnole, le borghol et la malsouka turques et, grande nouveauté, le taureau américain, ainsi que le poulet et les œufs. L’Oncle Sam est, enfin, de la fête ! Il ne manquait que lui pour compléter ce tableau gargantuesque, où le congelé se le dispute au surgelé. Welcome, Oncle Sam ! Bon appétit, chers Tunisiens ! 4 - Le Ramadan des contradictions. Parler de contradictions à propos de Ramadan est la chose la plus facile qui soit. On promet un congé annuel à son estomac, mais on le charge de travaux supplémentaires après la rupture du jeûne. On s’assigne des objectifs de bonne conduite, mais on se laisse facilement aller à l’énervement, voire à l’agressivité, pour un oui ou pour un non. On prétend résister à ses désirs, mais on ne fait que leur obéir aveuglement, la faim étant un mauvais conseiller. On se dit que c’est le mois de l’abstinence, mais on bat tous les records de consommation. Ramadan apparaît ainsi comme le révélateur de certaines de nos contradictions, mais cela ne nous empêchera nullement de dormir tranquillement… même sur les lieux de notre travail !

Adel LAHMAR Tunis-Hebdo du 06/05/2019




Commentaires

Nos banques : à radin, radin et demi !

Précédent

Franc-parler : Tunis-Munich !

Suivant