La Tunisie n’adhérera à l’ALECA qu’après la mise à niveau du secteur agricole

La Tunisie n’adhérera à l’ALECA qu’après la mise à niveau du secteur agricole
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Les négociations avec l’Union européenne sur l’Accord de libre-échange complet et approfondi (ALECA) sont une des principales préoccupations des agriculteurs. C'est dans ce cadre que le président de l’Union tunisienne de l’agriculture et de la pêche (UTAP), Abdelmajid Zar a été reçu, ce vendredi 15 février 2019, par le président de la République Beji Caid Essebsi, au Palais de Carthage. Conformément à ses recommandations passées, Abdelmajid Zar, a soulevé la nécessité de mettre à niveau le secteur agricole par la mise en place d'un programme national avant l’entrée en application de l'ALECA entre la Tunisie et l’Union européenne, et ce, pour le préparer à la concurrence avec l'Europe. En marge de l'entretien d'hier, le président de l'UTAP a indiqué avoir évoqué la situation de l’agriculture avec le président et avoir mis l'accent sur la nécessité d’atteindre l’autosuffisance alimentaire en Tunisie.
Mise à niveau
Rappelons que les opposants à la signature de l’accord de libre-échange complet et approfondi entre la Tunisie et l’Union Européenne sont nombreux. Selon eux, c’est l’agriculteur tunisien qui sera le grand perdant si cet accord est signé, étant donné que la Tunisie sera un marché ouvert aux produits agricoles européens, massivement subventionnés. A ce titre, le ministre du Commerce, Omar El Béhi, a apporté des précisions, hier, lors d’une plénière organisée à l’ARP, annonçant que la Tunisie n’adhérera à l’ALECA qu’après la mise à niveau du secteur agricole sur une période de 10 ou 15 ans.
Réformes approfondies
Il a signalé que les négociations avec l'UE se basent sur trois critères essentiels : l’écart de développement entre la Tunisie et l'UE, notamment dans le domaine de l’agriculture ; une application progressive de l'ALECA ; l'adoption de mesure d’accompagnement qui permettront de mettre à niveau l'agriculture outre la réalisation de réformes approfondies avant l’adhésion à cet accord. Le mois dernier, le ministre du Transport, Hichem Ben Ahmed, négociateur en chef de l’ALECA avec l’UE, avait fait le point sur ces négociations et sur le suivi des résultats du troisième round, précisant qu’il n’existe pas d’engagements de la partie tunisienne sur des dates définitives ou des questions précises. Et pour répondre aux opposant à cet accord, Hichem Ben Ahmed avait soutenu que la partie tunisienne reste fidèle à ses principes de base lors des négociations et insiste sur la nécessité de tenir compte du différentiel de développement entre les deux parties étant donné la sensibilité de certains secteurs et de l’impact éventuel sur leur compétitivité, comme l’agriculture par exemple.
Préparer le terrain
Selon l’UTAP « cet accord constitue une forme d’intégration forcée, en raison de l’inégalité de fait existant, entre agriculture tunisienne et celle européenne » car la Tunisie est incapable de concurrencer l’UE, laquelle a injecté 360 millions d’euros, pour soutenir l’agriculture européenne dans le cadre de son plan 2014-2020. Avec un secteur agricole tunisien qui demeure fragile, il est donc impératif de préparer le terrain et de fixer les critères de la concurrence avant la signature de cet accord, l’objectif étant d’atteindre un niveau de concurrence équitable avec l’Europe.
Quid de l’ALECA
L’ALECA n’est, en fait, que le prolongement de l’accord, signé en 1995, entre la Tunisie et l’UE, relatif à la constitution d’une zone de libre-échange entre les deux parties. L’Accord d’Association entre la Tunisie et l’UE de 1995 prévoyait l’élimination progressive des deux côtés des barrières douanières sur les produits pour faire de cette zone un espace commercial libre. Cet accord a commencé à être appliqué sur les produits industriels à partir de 2008 et il y a eu un échange de concessions pour une liste de produits agricoles, agroalimentaires et de la pêche dans le cadre de contingents. L’ALECA est, donc, dans la lignée de l’intégration plus profonde de l’économie tunisienne dans l’espace économique euro-méditerranéen. Et il serait bon de rappeler que grâce à l’ALECA, les produits et services tunisiens accèderont, à terme, plus facilement à un marché européen de 500 millions de consommateurs, que les conditions d’investissement et le climat des affaires seront améliorés grâce à un cadre réglementaire plus prévisible et plus proche de celui de l’UE et que l’adaptation progressive de l’économie tunisienne aux normes européennes devrait également contribuer à hausser la qualité des produits et services tunisiens, ce qui sera également bénéfique aux consommateurs tunisiens et améliorera leur accès aux autres marchés.



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