Le coup de Hassan II similaire à celui du Shah

Le coup de Hassan II similaire à celui du Shah
Tunis-Hebdo
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Le Shah d’Iran, Mohammad Reza Chah Pahlavi, a décidé, un jour, d’annexer les trois îlots d’Abou-Moussa, de la Petite et Grande Tomb se trouvant dans le golfe persique, mais ne lui appartenant pas du tout... Pour cela et afin que les différents chefs d’Etat acceptent le fait accompli, il décida d’organiser une fête des mille et une nuits à laquelle il a convié tout le gratin des décideurs de par le monde et tous ceux qui risquaient de s’opposer ou de porter ombrage à ses visées expansionnistes. Ce furent deux jours et deux nuits vraiment féériques à tous les points de vue. Un véritable paradis sur terre qui a conquis tant de puissants de ce monde. Entre-temps, le Shah fit envahir de nuit les trois îlots convoités appartenant aux Emirats Arabes Unis depuis leur indépendance en 1971. Le lendemain matin, quand les nouvelles de l’invasion furent connues, aucun des convives de la soirée passée, chefs d’Etat et Premiers ministres compris, n’osa ouvrir la bouche, à plus forte raison les porte-parole des pays représentés, pour protester contre cette violation flagrante de la paix. Tous croulaient sous les cadeaux princiers d’un Shah qui a mis le paquet pour en mettre plein la vue à ses prestigieux invités... Quant au coup des trois îlots, beaucoup le considèrent, à juste titre, comme une réussite sans antécédent dans le genre ! Cela aurait donné des idées au roi Hassan II. Ce dernier, tenant à faire éloigner le colonel Kadhafi du Polisario - qu’il soutenait à fond et par tous les moyens aussi bien financiers qu’en matériel de guerre, allant jusqu’à donner lui-même l’appellation «Polisario» - s’entendit en secret avec le guide libyen pour un entretien en tête-à-tête. Un rendez-vous en catimini fut, alors, convenu entre les deux leaders et cela dans la ville marocaine d’Oujda, au nord-ouest du Maroc. Or, Hassan II craignait outrageusement de contrarier ses protecteurs américains. Ceux-ci voyaient très mal tout rapprochement avec la Jamahyria du fougueux Moamar. C’est alors, me semble-t-il, que le souverain marocain se serait souvenu de la main basse faite par le Shah sur ces fameux îlots émiratis. La veille de l’arrivée de Kadhafi au Maroc, le roi demanda à son ministre de l’Intérieur et confident, Driss Basri, d’organiser un magnifique safari à l’intention de l’ambassadeur US au fin fond du Sahara afin de l’occuper totalement durant deux jours, tout en l’isolant de son ambassade. Basri avait pour consigne de ne rebrousser chemin qu’après le départ de Kadhafi. Mission accomplie au point que le bureau des affaires étrangères américain n’apprit la nouvelle de cette visite impromptue et l’accord conclu à propos de l’union entre le Maroc et la Libye que quelques jours plus tard. Imaginez un peu l’état d’âme de ce diplomate enroulé dans la farine et les réactions intempestives de ses supérieurs hiérarchiques ? Quelques années plus tard, pourchassé par le guide Khomeini, abandonné par ses faux alliés américains et surtout, très affaibli physiquement à cause d’un cancer, le Shah a tenté, vainement, de s’installer au Caire. Mais Anouar Sadate n’a pu, dans un premier temps, lui donner asile que pour quelques jours seulement. Car personne, dans le monde arabe, ne tenait à accueillir l’empereur déchu, au risque d’avoir sur le dos les redoutables islamistes iraniens. Le Shah a, donc, dû se replier sur Rabat où le roi Hassan II lui donna l’hospitalité que certains pensent qu’elle fut très onéreusement payée. C’est là une habitude du monarque chérifien, l’homme de l’Atlas ne fait rien pour rien. Quant à Mobutu, l’ancien président du Congo, ainsi que bien d’autres dictateurs africains, ils ont dû laisser, à leur tour, une partie substantielle de leur colossale fortune dans les caisses de la cour royale marocaine. L’ancien leader zaïrois est, d’ailleurs, décédé dans la capitale chérifienne alors que le Shah est mort au Caire où il est retourné.

M’hamed BEN YOUSSEF Tunis-Hebdo du 04/02/2019




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