Une lettre parue dans le Financial Times, et signée par plusieurs experts, universitaires, investisseurs et politiciens tunisiens et européens, revient sur la décision de lister la Tunisie parmi les paradis fiscaux.
"Monsieur, nous avons été très surpris de constater que les ministres des Finances de l'UE avaient décidé d'inclure la Tunisie dans une liste de 17 pays accusés d'être des paradis fiscaux. Les raisons de ce choix semblent être très techniques et étroites. Elles sont probablement le résultat d'une incompréhension des efforts déployés par le gouvernement tunisien pour moderniser ses règles d'engagement avec les investisseurs et les entreprises étrangères.
Depuis la chute du président Zine El Abidine Ben Ali il y a près de sept ans, la Tunisie se bat pour construire des institutions démocratiques - c'est la seule démocratie arabe aujourd'hui, aussi fragile soit-elle.
La décision de l'UE portera préjudice à l'image du pays à l'étranger et à la confiance des investisseurs à un moment où, ayant réussi à faire face à la menace terroriste et subissant encore les conséquences de la tourmente en Libye, marché majeur pour les exportations tunisiennes, le gouvernement s'efforce d'augmenter la croissance économique. Une croissance économique plus rapide est une condition essentielle au renforcement de la démocratie en Tunisie.
La crise en Libye à elle seule coûte chaque année 2% de la croissance du PIB à la Tunisie, ce qui explique le faible taux de croissance, estimé à 1,3% cette année.
La Tunisie mérite mieux que d'être mise sur une liste noire de paradis fiscaux à ce moment de son histoire. Nous sommes tous engagés avec la Tunisie - en tant qu'investisseurs, diplomates, économistes et journalistes - depuis de nombreuses années. Le pays n'a jamais été un paradis fiscal dans le passé et n'en est pas un aujourd'hui.
Si l'UE prend au sérieux sa politique de voisinage et son souhait déclaré de promouvoir la démocratie dans les pays du sud de la Méditerranée, plus tôt les ministres des finances inverseront leur récente décision, mieux ce sera", note la lettre.
Liste des signataires :
- Farid Abbes : Président, Setcar
- Christian de Boissieu : Professeur, Université de Paris 1 (Panthéon-Sorbonne)
- Francis Ghilès : Chercheur Senior, Centre des Affaires Internationales de Barcelone
- Elisabeth Guigou : Ancien ministre et ancien membre du parlement français
- Jean-Louis Guigou : Président, IPEMED
- Habib Karaouli : Président et chef de la direction, Capital African Partners Bank
- Denis MacShane : Ancien ministre d'État pour l'Europe, Royaume-Uni
- Radhi Meddeb : Président du groupe BTK-BPCE
- Miguel Angel Moratinos : Ancien ministre espagnol des Affaires étrangères
- Dominique Nouvellet : Membre du conseil d'administration, Africinvest; Associé fondateur, Siparex Private Equity
- Dhafer Saidane : Professeur, Skema Business School; membre, Conseil d'analyse économique du Premier ministre tunisien
- Jacques Sapir : Professeur, École des hautes études en sciences sociales (EHESS), Paris
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