Législatives : Le rapport préliminaire du Centre Carter

Législatives : Le rapport préliminaire du Centre Carter
National
print



Le Centre Carter a fait part "d’un processus électoral calme, ordonné et transparent pendant des élections historiques en Tunisie", dans un rapport préliminaire publié, ce mercredi 29 octobre. "Les observateurs électoraux ont remarqué que beaucoup de Tunisiens ont attendu patiemment dans de longues files, afin d’exercer leur droit de vote dans les premières élections organisées sous la nouvelle constitution tunisienne, adoptée en Janvier 2014. (...). Bien que les élections se soient déroulées de manière relativement harmonieuse et ordonnée, les observateurs du Centre Carter ont noté des irrégularités mineures dans un nombre limité des bureaux de vote qu’ils ont observés, y compris l’absence d’instruction aux électeurs sur la manière de voter, des campagnes illégales devant les bureaux de vote, et un personnel de bureaux de vote en nombre inadapté. Dans l’ensemble, les autorités électorales sont parvenues à organiser une journée réussie, et à mener un processus inclusif d’inscription des électeurs et d’enregistrement des candidatures dans des délais serrés. Malheureusement, beaucoup des difficultés rencontrées par l’ISIE ressemblaient à celles rencontrées lors des élections de l’Assemblée nationale constituante en 2011, notamment l’absence de communication efficace avec les acteurs électoraux et le manque de transparence. Les conclusions principales de la mission d’observation du Centre Carter concernent :
  • L’administration des élections : Même si l’Instance supérieure indépendante des élections (ISIE) avait peu de temps pour organiser les élections, et a été au départ submergée par l’ampleur du travail, elle a mené à bien ces élections sans irrégularités importantes. L’ISIE a toutefois connu des problèmes d’organisation et de gestion, notamment l’absence d’une stratégie de communication claire avec les acteurs électoraux, le manque de transparence dans son processus décisionnel, et le manque de personnel.
  • L’inscription des électeurs : L’ISIE, les Instances régionales indépendantes pour les élections (IRIE), l’administration chargée des élections régionales, les organisations de la société civile ainsi que les partis politiques ont travaillé de concert et ont veillé efficacement à ce que tous les citoyens tunisiens désireux de voter aux prochaines élections législatives et présidentielles aient la possibilité de s’inscrire.
  • Le processus de vote : Les membres des bureaux de vote ont largement suivi les procédures, et le vote s’est déroulé dans une atmosphère calme et ordonnée. Certains électeurs ont été refoulés, soit parce qu’ils étaient dans le mauvais bureau de vote, soit parce qu’ils ne trouvaient pas leurs noms sur la liste. La majorité des bureaux de vote ont ouvert à l’heure. Si de longues files d’attente étaient signalées à l’ouverture, elles ont diminué au fur et à mesure de la journée.
  • Le cadre juridique : Bien que le cadre juridique électoral tunisien fournisse dans son ensemble une base solide pour la conduite d’élections conformes aux normes internationales et régionales, certains domaines gagneraient à être améliorés, y compris en ce qui concerne les réglementations trop restrictives des activités de campagne et le plafond de financement trop faible pour permettre une véritable campagne.
  • La participation des observateurs et des représentants des candidats : Comme preuve d’une participation active dans le processus politique, les observateurs domestiques et les représentants des candidats étaient présents dans tous les bureaux de vote visités, contribuant ainsi à la transparence du processus. Ils semblaient bien organisés et bien informés des procédures.
  • La campagne : Bien que l’ISIE ait signalé plusieurs manquements, l’écrasante majorité de ces infractions n’a pas eu d’impact substantiel sur la campagne ou sur le processus électoral dans son ensemble. Ces infractions concernent des affiches arrachées, ou bien collées dans des endroits illicites, l’utilisation de la publicité politique, ainsi que des événements publiques de campagne non autorisés. Les observateurs du Centre Carter ont indiqué que l’obligation de notifier l’IRIE deux jours avant chaque événement, dont certaines des listes candidates n’étaient même pas au courant, n’a pas été toujours respectée par celles-ci. Cela a donné lieu à l’organisation de nombreux événements sans notification préalable, dont certains furent annulés par les autorités électorales.
  • La participation des femmes : Bien que la loi requiert que toutes les listes électorales alternent les hommes et les femmes, elle ne prescrit pas la parité horizontale, ou encore la nomination de candidates comme tête de listes. Ainsi, peu de partis ont mis des femmes en tête de leurs listes. Seules 145 listes sur 1327 avaient une femme tête de liste, alors même que 47% des candidats étaient des femmes.
  • Le contentieux électoral : Les tribunaux de première instance et le tribunal administratif se sont efforcés de manière louable à statuer sur toutes les requêtes en temps opportun conformément à la procédure accélérée prévue par la loi. Toutefois, un grand nombre de décisions des tribunaux de première instance ont révélé des divergences d’interprétation de la loi électorale. Le tribunal administratif a fait preuve d’un degré considérable d’impartialité, prenant ses décisions sur la base d’un raisonnement juridique solide et probant.
Le Centre Carter a déployé 72 observateurs qui ont visité 348 bureaux de vote et centres de compilation des résultats dans l’ensemble des 27 circonscriptions de Tunisie. La mission était dirigée par l’ancien premier ministre du Yémen, Abdelkarim Ali Al-Eryani. Plus de 25 nationalités différentes étaient représentées dans cette mission d’observation.



Commentaires

André Parant juge nécessaire de préserver les acquis démocratiques en Tunisie

Précédent

France - Migration : Un don de cinq millions d'euros au profit de la Tunisie

Suivant