La députée Karima Souid : «La Troïka essaye de monnayer le désistement de certains députés»

La députée Karima Souid : «La Troïka essaye de monnayer le désistement de certains députés»
National
print



Karima Souid, députée du bloc démocratique au sein de l’ANC, s’est retirée de l’Assemblée suite à l’assassinat de Mohamed Brahmi et réclame la destitution du gouvernement ainsi que la dissolution de l’ANC. L’élue nous explique les priorités de l’opposition et les raisons qui sont derrières cette prise de position. Interview… «60 députés ont retirés leur adhésion au sein de l’ANC» Combien y-a-t-il de députés qui se sont réellement retirés ? Il y a actuellement 60 députés qui ont retirés leur adhésion au sein de l’ANC. Il suffit de consulter l’association Al Bawsala qui se charge de publier les mises à jour sur Internet pour connaitre ce chiffre. Il existe une certaine confusion autour de ces chiffres, et plusieurs députés ont nié leur retrait Ce n’est pas une confusion. Certains députés font des déclarations aux médias, d’autres parlent au nom de leur groupe, mais nous communiquons régulièrement le nombre exact de députés qui se sont retirés. «Souhir Dardouri est une habituée du désistement» Pourtant, la députée Souhir Dardouri a nié à plusieurs reprises son retrait alors que son nom figure dans la liste ? Mme Dardouri fais preuve de mauvaise foi. Nous l’avons contacté à plusieurs reprises. Elle nous a confirmé son retrait. Mais elle devenue une habituée du désistement, ce n’est pas la première fois qu’elle revient sur ses positions. «La Troïka essaye de monnayer le désistement de certains députés» Y-a-t-il eu des tentatives de pression sur les députés ayant annoncé leur retrait, voire de corruption ? Je confirme qu’il y a bel et bien eu des tentatives de corruption. Nous revivons le même scenario que lors de l’examen du retrait de confiance à Moncef Marzouki. La Troïka fait pression sur certains et essaye de monnayer le désistement des autres. «Les députés ne font preuve d’aucun professionnalisme» Pourquoi l’opposition reste attachée à la dissolution de l’ANC ? D’après mon expérience personnelle, je peux vous affirmer que les députés ne font preuve d’aucune rigueur, d’aucun professionnalisme. Il y a aussi beaucoup d’absentéisme. De plus, la Troïka cherche à rester en place le plus longtemps possible pour gagner du temps. Il y a une réelle volonté de la part de la présidence de l’ANC de laisser trainer les choses. «La Constitution est devenue une source de conflit et de division» Pourtant plusieurs députés parlent d’un consensus qui est en train de voir le jour entre la Troïka et l’opposition au sujet de la constitution ? Non, il n’y a absolument pas de consensus. La Constitution est devenue une source de conflit et de division. Les batailles sont devenues politiciennes où règne l’hypocrisie. Le rapporteur général de la Constitution (Habib Khedher – Ennahdha) se pose en tyran et œuvre pour sa conception de la Constitution, le travail des commissions a été usurpé, c’est ce qui rend le consensus impossible. Si l’ANC est dissoute, que proposez-vous pour la période transitoire ? Nous proposons un comité d’expert pour finaliser la constitution, la révision de toutes les nominations au sein des institutions, la dissolution des LPR, et l’activation de l’ISIE pour mener à bien les élections. «Nous vivons une campagne électorale permanente menée par la Troïka» Quelles seraient les voies de recours en cas d’échec des négociations avec le gouvernement ? Nous sommes intransigeants sur le gouvernement de salut national, le gouvernement ne peut plus fonctionner ainsi, il faut impérativement le dépolitiser. Nous vivons actuellement au rythme d’une campagne électorale permanente menée par la Troïka. Nous n’avons pas été élus pour donner au gouvernement un chèque en blanc. «Il est irresponsable de proposer des dates qu’on ne peut pas tenir» Le gouvernement a présenté une feuille de route avec date exacte des élections, ne serait-ce pas une option envisageable ? Nous n’avons pas confiance en ce gouvernement. Comment pouvons-nous avoir confiance, quand tous les rouages de l’Etat censés superviser les élections (les gouverneurs à titre d’exemple) sont infiltrés par la majorité. Nous avons entendu les mêmes propositions après la mort de Chokri Belaid sans résultats concrets. Le gouvernement n’a plus de crédibilité. Il est irresponsable de proposer des dates qu’on ne peut pas tenir. C’est honteux ! D’autant plus que la date des élections est une des prérogatives de la future ISIE. «Le retrait perdurera tant qu’un gouvernement de salut national ne sera pas en place» Ne craignez-vous pas une marginalisation de l’opposition et ainsi laisser le champ libre a la Troïka ? Non, l’opposition continuera à réclamer la dissolution de l’ANC. Le retrait perdurera tant qu’un gouvernement de salut national ne sera pas en place. Nous sommes fermes sur cette position. De plus, si la Troïka décide d’ignorer nos demandes et de continuer les travaux au sein de l’ANC, l’histoire dira qu’une période de transition démocratique s’est déroulée sans opposition. C’est la marque des régimes dictatoriaux. L’ANC peut-elle fonctionner avec 60 députés en retrait ? Non, il y a déjà une situation de blocage sur le vote des membres de l’ISIE (il reste un membre à choisir) et un blocage sur le vote de la Constitution. Les tunisiens doivent s’en rendre compte et prendre en main leur destinée. La majorité essaye de créer la «fitna» sous prétexte de légitimité. Nous, notre credo est Tunisie, Tunisie, Tunisie. Des députés soutenant la légitimité ont été mandatés aujourd’hui pour négocier avec les élus qui se sont retirés, les négociations ont-elles commencées ? Nous n’avons pas entendu parler de cette initiative et personne ne nous a encore contactés. De plus, les négociations doivent être menées avec les officiels qui détiennent réellement le pouvoir de changer les choses. Il est inutile de négocier avec quiconque d’autre.



André Parant juge nécessaire de préserver les acquis démocratiques en Tunisie

Précédent

Stress hydrique : le taux de remplissage des barrages est de 35,8%

Suivant