PV d'Ennahdha piraté par AnonymousTN : la chariaa en hibernation

PV d'Ennahdha piraté par AnonymousTN : la chariaa en hibernation
National
print



Les révélations d’Anonymus à travers les courriels des responsables nahdhaouis continuent à animer la toile. Il faut dire que ces documents de première main peuvent s’avérer très instructifs sur les véritables intentions de ce parti politique islamiste sur plusieurs questions. Parmi les questions traitées lors de la fameuse réunion du 16 mars dernier à laquelle 29 membres avaient assisté, notons notamment l’absence de MM. Hamadi Jebali, Férida Labidi, Ajmi Lourimi, Mohamed Ben Salem, Abdelkrim Harouni, Nourredine Bhiri, Rafik Abdesselam, Moncef Ben Salem, Sadok Chourou et autres, nous avons relevé celle relative aux aspects qui font l’objet de dissensions à propos de la constitution et surtout la question de l’insertion de la Chariaa en tant que source de la législation dans la future constitution et la polémique qu’elle a créée y compris avec les alliés au sein de la Constituante. Les hypothèses qui se sont faits jours sont multiples et nuancées. Il y’avait une opinion favorable au maintien de l’article 1er de la constitution de 1959 sachant que ce texte n’a pas empêché le recours à la législation islamique comme source par la justice tunisienne par exemple et que les interprétations des futures législations reste une bataille politique, une autre approche ne changerait rien à la situation politique dans le pays , et ne ferait que cristalliser les antagonismes et ne donnerait pas une image positive de l’expérience tunisienne à l’étranger. D’autres, en revanche, avaient opté pour un ajout au texte qui trouverait sa raison d’être dans les changements que connaissent le monde arabe, dans l’évolution des esprits afin de se débarrasser dans l’avenir de l’idée de la séparation du politique du religieux et dans le respect des électeurs qui ont voté en faveur du parti. Pour les tenants de cette position, ils ont préconisé plusieurs formules pour insérer la Chariaa dans le futur texte constitutionnel parmi lesquelles la Chariaa est la source principale de la législation, la Chariaa source de la législation, le Coran et la Sunna source principale de la législation et le Fiqh islamique source de la législation. Finalement, les présents ont conclu à la nécessité de poursuivre les discussions sur le sujet avant que le Parti ne décide, par la voix de son chef exécutif, de se limiter à l’article premier de la constitution du 1er juin 1959 tel qu’il a été consacré à l’époque. Venons maintenant à ce fameux article 1er auquel plusieurs formations politiques tiendraient plus qu’à la prunelle de leurs yeux croyant y déceler un rempart suffisamment solide pour éviter la fusion du politique et du religieux. Que dit cet article ? « La Tunisie est un État libre, indépendant et souverain ; sa religion est l’Islam, sa langue l’arabe et son régime la république. » Si sur les premières indications relatives à la souveraineté de la Tunisie ne posent aucun problème, la référence à la religion demeure problématique. En effet, le terme islam fait-il référence à la Tunisie, ou bien fait-il référence à l’État ? Dans les deux cas, il est plutôt problématique pour ceux qui souhaitent voir s’établir dans notre pays un État civil respectant et garantissant les droits de tous les citoyens quelque soient leurs confessions ou leurs croyances ; et qui ne soient plus susceptibles de remise en cause éventuelle dans le futur. Car le danger de cet article, tel qu’il est écrit maintenant, c’est que la référence à l’Islam ne soit interprétée comme liée au terme de l’État. Là, nous serons en présence d’un État religieux, et par conséquent les dissensions futures sur la question pourraient refaire surface avec encore plus de virulence. L’idéal, à notre humble avis, c’est de voir ajouter une formule faisant référence à un État civil garant des libertés et des droits des citoyens notamment la liberté de culte et de croyance. Et à ce propos, les discussions au sein de l’Assemblée Constituante pourraient clarifier davantage ces notions pour pouvoir mettre en place les fondements d’un régime politique réellement démocratique et pluraliste.



André Parant juge nécessaire de préserver les acquis démocratiques en Tunisie

Précédent

Le pèlerinage de la Ghriba se limitera aux rituels religieux

Suivant