Pour la liberté de la presse, au corps-à-corps avec la sécurité présidentielle

Pour la liberté de la presse, au corps-à-corps avec la sécurité présidentielle
National
print



Au centre de cette photographie, en tenue claire, Abdelfattah Belaïd. Ce photographe, dont les reportages ont fait en janvier 2011 les « unes » de la grande presse internationale est sur ce cliché aux prises avec les agents de la sécurité présidentielle. Ce cliché pris sur le tarmac de l’aéroport Tunis Carthage par Mohamed El Hammi représente un corps-à-corps entre les gardes de la piste réservée aux VIP et un photographe dans l’exercice de ses fonctions. La photographie a été prise lors de l’une des visites de Mahmoud Abbés en Tunisie et illustre bien le combat quotidien des journalistes pour aller au plus près de l’évènement. Abdelfattah Belaïd et Mohamed El Hammi travaillent respectivement pour l’agence AFP et l’agence EPA ainsi que pour des quotidiens tunisiens comme La Presse ou Le Maghreb. Ils ont été probablement les seuls photographes tunisiens à couvrir la révolution depuis ses premiers soubresauts à Sidi Bouzid, Regueb et Menzel Bouzaïne. Prenant des risques énormes, ils avaient alors été soutenus par les populations locales et étaient parvenus à contourner la censure et exfiltrer leurs photos. Signe de leur présence aux avant-postes, le photographe Lucas Dolega (EPA) est tombé sous les yeux de Mohamed El Hammi, le 14 janvier 2011 à Tunis. Il décédera le 17 janvier suite à sa blessure à la tête par un tir de bombe lacrymogène. Les photos de Belaïd et El Hammi ont ensuite été reprises par tous les grands quotidiens internationaux. Les internautes s’étaient aussi emparés de leurs photos pour leur donner une diffusion populaire via Facebook et Twitter. Au final, les photos de ces deux reporters auront contribué à la révolution tunisienne, et ce, de manière évidente. Deux remarques s’imposent dès lors. La première saute aux yeux. La révolution tunisienne a été essentiellement couverte par des photographes tunisiens. Ce qui n’est pas le cas des autres pays du printemps arabe. La seconde remarque concerne le statut des reporters photo. Malgré leur engagement et leur indéniable efficacité, ils n’ont pas bénéficié d’une large reconnaissance. Gageons que ce dernier point sera à l’ordre du jour de la prochaine réunion sur la liberté de la presse organisée par l’UNESCO à Tunis en mai prochain. Car, sans aucun doute, ce sont les reporters photographes qui, en Tunisie, ont été les premiers à défricher les chemins de la liberté de la presse. Hommage donc à Belaïd et El Hammi pour leur combat permanent. En attendant une reconnaissance plus nette de la part des institutions… P.S : Le magazine L’Express a consacré un numéro spécial aux photographes de la révolution tunisienne. Belaïd et El Hammi y figurent en bonne place aux côtés de Zohra Bensemra (Reuters) ou Fred Dufour (AFP).



André Parant juge nécessaire de préserver les acquis démocratiques en Tunisie

Précédent

Stress hydrique : le taux de remplissage des barrages est de 35,8%

Suivant