Le billet de Hatem Bourial - Kélibia défigurée

Le billet de Hatem Bourial - Kélibia défigurée
Chroniques
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Ce qui se passe à Kélibia – et un peu partout en Tunisie – est tout bonnement inacceptable.  Des usurpateurs drapés des oripeaux de la révolution construisent à tout va ! Sans droit ni titre, ils s’emparent de terrains sur lesquels ils construisent à la vite des immeubles précaires.  Ces squatters sont d’une mauvaise foi évidente.  Et leurs arguments ne tiennent nullement la route. Ils invoquent pêle-mêle leur dénuement, leurs besoins « légitimes », la liberté et d’autres feuilles de vigne encore.  Tout cela cache mal leur caractère de prédateurs.  Ne dit-on pas que l’occasion fait le larron ? A Kélibia, ce phénomène est en train de prendre des proportions alarmantes.  En quelques semaines, la route de front de mer qui mène à la plage de Mansoura a vu naitre les nouveaux bâtiments au rythme des champignons en automne. Du coup, ce qui faisait la beauté du littoral kélibien s’est dilué sous les assauts du ciment.  La perle du Cap Bon s’est retrouvée parée de gris poussiéreux et envahie par la laideur et l’appât du gain. Pire encore, le borj qui domine la ville du haut de la colline a été victime lui aussi des constructions anarchiques.  Des maisons ont poussé à flanc de colline dans l’illégalité la plus absolue. A Kélibia, on raconte que des antiquités ont été découvertes dans le sous-sol de cette colline et qu’elles ont été rapidement dissimulées voire exportées.  Qu’en est-il vraiment ? Difficile à savoir en l’absence d’autorités municipales et devant l’indifférence des ministères concernés. Le plus mystérieux, c’est que ces constructions sauvages ont été raccordés au réseau électrique de la STEG.  Est-ce une énième usurpation ou bien la société nationale a-t-elle branché des malfrats sans droit ni titre à son réseau ? Même le domaine maritime n’a pas échappé à cette vague usurpatrice puisque de nombreux « bâtisseurs » se sont emparés de parcelles de plage pour y construire leur « home sweet home ». Et si je parle ici de Kélibia, c’est que j’ai pu constater ce qui s’y passe.  En effet, il semble bien que ce phénomène se déploie à grande échelle dans un pays qui panse encore ses blessures. Désolé de le dire mais tout cela ressemble fort à un avenir conforme au passé.  Nous avons simplement changé de voleurs.  C’est au tour du peuple maintenant d’avoir les mains sales…



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