Un coup d’épée dans... le sel !

Un coup d’épée dans... le sel !
Tunis-Hebdo
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L’annonce de la décision du gouvernement de mettre fin à la convention liant l’Etat Tunisien à la Cotusal, une société productrice de sel en Tunisie, et de sa volonté de ne pas la reconduire a créé l’événement au point qu’elle a occupé le devant de la scène médiatique et politique, et les réseaux sociaux ont été noyés de commentaires sur le sujet. Toutes les parties ont essayé, chacune de son côté, de s’approprier la paternité de cette décision, qualifiée de « révolutionnaire » ! Certaines voix de l’opposition ont crié victoire, d’autres appartenant à l’ancienne Troïka, aujourd’hui dans l’opposition, en ont fait de même, alors que le Chef du gouvernement, dans une envolée lyrique teintée d’héroïsme, s’est lancé dans une déclaration d’autosatisfaction incongrue : « Moi, je ne parle pas, j’agis ! ». Bref, des réactions qui ont surpris par leur triomphalisme, faisant croire à la réalisation d’un formidable acte de témérité nationale. Cependant, l’enthousiasme semble être retombé après les révélations parues sur la valeur des transactions et des activités de la Cotusal, de la manière et des résultats de son exploitation, ainsi que de la formation de son capital où l’on retrouve trois institutions financières nationales, dont deux sont publiques c’est-à-dire la propriété de l’Etat ! Il faut dire que la « déception » du bon peuple est aussi grande que les « espoirs » soulevés par la dénonciation de la reconduction de cet accord, dans la mesure où certaines voix parlaient de milliers de nos milliards dont on allait enfin pouvoir disposer… En fait, tout ce « brouhaha » fait autour de la Cotusal appelle quelques remarques. En premier lieu, il faut relever que la Constitution tunisienne prévoit dans son article 13 que « les ressources naturelles sont la propriété du peuple tunisien, la souveraineté de l’Etat sur ces ressources est exercée en son nom. » Il ajoute que les contrats d’exploitation relatifs à ces ressources sont examinés par la commission compétente au sein de l’ARP puis celle-ci les approuve. Ceci signifie que l’Etat et l’ensemble de ses institutions (exécutif et législatif) doivent œuvrer à la protection de ces ressources, à leur juste exploitation en faveur du peuple tunisien auquel elles appartiennent. Pour ces institutions, il ne s’agit que d’une obligation et d’un devoir qui pèsent sur elles. Tout ceci pour dire que ce n’est pas le volume financier qui est déterminant dans la défense des intérêts de notre pays et de son peuple. C’est seulement une question de principe. En deuxième lieu, cette « reconquête » de la souveraineté nationale devrait probablement être élargie, mieux étudiée et toucher l’ensemble de nos (minces) richesses naturelles. En effet, et sans verser ou tomber dans un détestable populisme, c’est l’opacité qui continue de régner autour de la question des ressources naturelles du pays. Qui fait quoi et en contrepartie de quoi, sont des interrogations qui demeurent entièrement posées… Enfin, nous aurions beaucoup aimé voir le Chef du gouvernement trouver plutôt les solutions idoines pour une richesse nationale que nous exploitons nous-mêmes, par le biais de sociétés entièrement nationales. Si la Cotusal ne peut générer, au mieux, que quelques milliards pour les caisses de l’Etat, le phosphate pourrait générer des centaines de millions de dinars, des revenus qui auraient permis à l’Etat de réduire nettement ses emprunts auprès des institutions financières internationales et d’améliorer le quotidien des citoyens. YC aurait pu être ce triomphateur attendu si jamais il avait su ou pu trouver les mots justes pour convaincre les mécontents de ces régions et les amener à donner le meilleur d’eux-mêmes pour le bien-être de tous !

Lotfi LARGUET Tunis-Hebdo du 04/03/2019




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