Mère nourricière de 60 millions d’âmes !

Mère nourricière de 60 millions d’âmes !
Tunis-Hebdo
print



La Tunisie est une mère nourricière qui allaite depuis pas mal de temps – au propre et au figuré – ses voisins immédiats. Celui de l’ouest avec ses 45 millions d’âmes et sa démographie galopante et son alter-ego de l’est, fort de ses sept millions de bipèdes. En somme, et c’est là notre propos, la Tunisie nourrit pas moins de soixante millions d’habitants. Elle ne les nourrit pas seulement, elle leur prodigue soins et médicaments. Quand nous disons qu’elle les allaite au propre et au figuré nous faisons surtout allusion à cette production de lait qui s’envole via des convois de semi-remorques savamment bâchées et bien ligotées pour que personne ne soupçonne le type de cargaison qu’ils transportent. Elles font, ainsi, d’incessants va-et-vient d’est en ouest pour acheminer des millions de berlingots vers les cieux voisins, alors que les ménagères tunisiennes quémandent quasiment leur paquet quotidien à des épiciers peu scrupuleux qui font le chantage de la vente conditionnée à tout bout de champ. Ça, c’est l’aspect folklorique de la chose, la réalité est beaucoup plus amère qu’une simple pénurie. Le problème est que les échanges commerciaux entre la Tunisie, l’Algérie et la Libye échappent dans leur quasi-totalité à tous les circuits officiels. Quand on sait que nos exportations vers le voisin de l’ouest ont chuté de 47% , passant de 347 millions de dollars en 2016 à 184 millions en 2017 , on comprend mal comment de plus en plus de produits et en quantités énormes transitent quotidiennement vers l’Algérie et la Libye, dont l’instabilité a écarté tout type d’échange obéissant aux normes légales de l’exportation en vigueur dans notre pays. Comment donc expliquer que l’Algérie ait réduit autant ses importations particulièrement les produits agroalimentaires, alors que des denrées par milliers de tonnes franchissent chaque jour les frontières sans passer par les circuits habituels et consacrés ? En décidant de telles réductions, ne sait-on pas que cela va donner lieu à de vastes trafics en imposant un modèle d’échange basé sur la contrebande et les pratiques mafieuses plutôt qu’un échange d’Etat à Etat. Une telle situation ne peut que faire le bonheur d’industriels en mal de gain facile qui, de surcroît, échappe à toute imposition, taxation et autre tribut exigés dans les opérations d’exportation. Cela fait leur bonheur parce que leurs usines fonctionnent à plein rendement et ils ne nourrissent pas uniquement les 12 millions de consommateurs de nos contrées, mais les soixante mille que compte ce vaste pan de l’Afrique du Nord. Et quand ils sont à défaut de matière première ou qu’ils ne parviennent pas à assurer la production exigée par les voisins de l’Est et de l’Ouest, ils grignotent sur les quantités écoulées sur le marché local. Entendez qu’ils privent leurs propres concitoyens de produits de première nécessité et de médicaments. La pénurie, c’est nous qui la vivons et au cas où vous auriez besoin d’un médicament en rupture de stock dans le pays, il vaut mieux aller le chercher en Algérie ou en Libye. En attendant, on ne sait absolument rien de la destination de l’argent issu de ce trafic. Il s’agit bel et bien de devises mais qui échouent ailleurs sans jamais passer par ce pays.

Imed BEN HAMIDA Tunis-Hebdo du 04/02/2019




Commentaires

Nos banques : à radin, radin et demi !

Précédent

Franc-parler : Tunis-Munich !

Suivant