Les contacts ne cessent de s’intensifier entre la diplomatie tunisienne, du côté du président de la République essentiellement, et les parties impliquées dans le conflit libyen, notamment les factions relevant de la mouvance islamiste Fajr Libya.
La proportion que prend actuellement le dossier libyen dans les préoccupations de la présidence et la cadence des rencontres avec les différents antagonistes montre que la question libyenne est une priorité absolue pour Caïd Essebsi qui en fait quasiment le défi même de son quinquennat.
Plus d’un signe confirme, déjà, la volonté d’amener les discussions inter-libyennes (qui se sont déroulées en Algérie, puis au Maroc, sous l’égide de l’ONU) à Tunis.
Distance vis-à-vis de Hafter et numéro de charme aux islamiste
Béji Caïd Essebsi, tout en insistant sur la position de neutralité de la Tunisie et la distance que sa diplomatie tient vis-vis des antagonistes, lors, notamment de sa récente interview sur Al Hiwar Attounsi, multiplie les gages de bonne volonté à l’encontre des islamistes de Fajr Libya pour gagner leur confiance et dissiper, un tant soi peu, les soupçons de « sympathie » avec les Force de Hafter qui pèsent encore sur lui. Il a réussi en quelque sorte à briser les réticences au sein des mouvances islamistes tunisiennes et libyennes surtout après les récentes déclarations de Fethi Al Mrimi, conseiller auprès le président du parlement de Tobrouk (rallié à Hafter), qui a qualifié les dernières déclarations de Béji Caïd Essebsi à la chaîne Al Hiwar Attounsi, de « très dangereuses, irresponsables et illogiques; ne servant que le terrorisme ». Il faut dire que le parlement de Tobrouk n’a pas vu d’un bon œil les accusations des médias tunisiens qui l’ont considéré d’être derrière l’affaire de l’enlèvement des journalistes Sofiène Chourabi et Nadhir Guetari.Ménager Al-Sissi
Ce mécontentement de Tobrouk trouve écho dans le « durcissement » des Emiratis, alliés de l’Egypte dans le conflit contre les milices islamistes en Libye quoique Caïd Essebsi ait dépêché entretemps, Ridha Belhaj, Le directeur du cabinet présidentiel au Caire, où il a rencontré, mercredi 6 mai 2015, le président Abdelfattah Al-Sissi. Il est clair qu’Essebsi tient à ménager le régime égyptien dans les tractations qu’il entreprend. Autre signe de « bonne volonté » d’Essebsi, la rencontre « secrète », samedi 9 mai 2015, au Palais de Carthage, avec le dirigeant islamiste libyen cheikh Ali Al-Sallabi fondateur du parti Al-Bina Wa Tanmia une des composantes de Fajr Libya. Al-Sallabi est aussi membre du secrétariat de l’Union internationale des savants musulmans, présidée par cheikh Youssef Qaradhaoui. La rencontre a été ébruitée par site libyen « Bawabat Al-Wassat », photo à l’appui, son ébruitement ne déplait pas, finalement, à Caïd Essebsi.
#Tunisia's President Beji Caid Essebsi meets with Ali Al-Sallabi. #Libya pic.twitter.com/po6v3eKpzZ
— Alwasat بوابة الوسط (@alwasatengnews) 10 Mai 2015
Elle a même « relevé » la cote du président auprès d’Ennahdha, dont les troupes ont jubilé, considérant la chose comme une reconnaissance tacite de Qardhaoui et un camouflet à la « gauche » tunisienne.