Le jihad en Syrie, phénomène de société sur le point d’être banalisé… même dans nos stades

Le jihad en Syrie, phénomène de société sur le point d’être banalisé… même dans nos stades
National
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Avant la rencontre qui a opposé l’Etoile Sportive du Sahel et la Jeunesse Sportive Kairouanaise, hier au stade olympique de Sousse, les joueurs de l’ESS se sont dirigés vers le «virage chinois» des ultras étoilés pour rendre hommage à un ancien membre du groupe de supporters, les «Brigades Rouges», décédé récemment alors qu’il combattait en Syrie sous la bannière de «L'Etat islamique en Irak et au Levant» (EIIL), un groupe armé djihadiste qui sévit actuellement en Syrie.Cet hommage rendu à un jihadiste, mort en Syrie, soulève la question épineuse de l’impact que peut avoir un tel acte venant de la part de joueurs, le plus souvent adulés par leurs supporters, et qui en définitive n’ont fait que commémorer la mort d’un ancien supporter «actif». Et c’est là où le bât blesse. Pour le spécialiste de la question David Thomson, reporter et correspondant de RFI en Tunisie et en Libye, mais aussi réalisateur du film «Tunisie, la tentation du Jihad» et auteur du livre «Les Français jihadistes», cet hommage reste intéressant «parce qu'il montre à quel point le jihad en Syrie est devenu aujourd'hui un phénomène de société en Tunisie qui s'est presque banalisé». «Le phénomène touche les stades comme d'autres strates de la société. Cela n'en fait pas pour autant des joueurs de l’Etoile des défenseurs de la cause jihadiste. Je pense qu'ils rendent hommage ici à leur ancien supporter en tant que figure connue de ce virage, plus qu'au jihadiste de l'EIIL qu'il est ensuite devenu», précise David Thomson qui veut éviter l’amalgame qu’on pourrait coller à cet acte venant de joueurs professionnels et évoluant sous la bannière de l’ESS.Ce cas n’est toutefois pas isolé. Au cours des derniers mois, de nombreux exemples peuvent être relevés. Des drapeaux du «tawhid» ont été brandis à de nombreuses reprises lors des rencontres de football, à Sousse, mais aussi à El-Menzah, à Rades ou ailleurs. Jadis supporters invétérés de leur club, des «radicaux» veulent utiliser désormais les travées des stades comme une tribune. «Dans les rangs des mouvements jihadistes tunisien comme dans les rangs des LPR, on retrouve parfois des jeunes qui étaient il y a peu encore, des supporters de foot et d'ailleurs, ils arborent souvent le drapeau de «tawhid» dans les tribunes», relève David Thomson. Quand on sait que les groupes ultras ont une haine ancestrale de la police, tout comme les mouvements jihadistes, désormais dans la ligne de mire de celle-ci, il est facile de franchir la ligne de démarcation presque invisible entre les deux tendances, il est aussi facile d'instrumentaliser le phénomène. Car l’amalgame est alors vite fait !



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