Les immigrés tunisiens à Paris reçoivent une leçon d'inhumanité

Les immigrés tunisiens à Paris reçoivent une leçon d'inhumanité
National
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Expulsés de l'immeuble du 36 rue Botzaris, ils dormaient sous les arbres d'un parc. Mais suite à un avis de tempête, la police française vient de les mettre dehors. “Une tempête est donc moins dangereuse dans la rue que dans un parc ?” s'interroge Lamia Slim. Pendant ce temps, la Tunisie, qui a déjà donné à l'Europe, continue de lui donner, une leçon d'humanité. Au sud du pays, des milliers de réfugiés africains vivent encore dans les camps près de la frontière tuniso-libyenne. Du sud, et spécialement de Zarzis, plus de 23000 tunisiens ont pris le large vers l'île de Lampadusa. Les autorités italiennes désirent leur donner des permis de circulation dans l'espace Schengen car elles savent bien que les immigrés ne resteront pas en Italie. Une crise diplomatique est aussitôt déclenchée par la France. Quelques immigrés étaient déjà arrivés à Paris. Il savent que ces Tunisiens ne font que transiter par l'Italie et que leur destination finale est la France. La suspension de l'espace Schengen a même été évoquée. Mais un accord a finalement été conclu entre français et italiens. Le périple n'est cependant pas fini. Plusieurs immigrés n'ont pas où aller. Une centaine d'entre eux trouvent refuge au 36 rue Botzaris, dans un bâtiment appartenant à l’État tunisien. Officiellement, il servait pour des activités associatives. Or, il était le quartier général du RCD à Paris. Le local regorge de documents qui risquent de gêner à la fois les français et les tunisiens. Des réfugiés auraient commencé à vendre certains de ces documents assez cher d'ailleurs. Des français sont si intéressés qu'ils sont prêts à payer 600 euros par dossier. Owni, qui parlent d'une bataille pour les archives parisiennes de Ben Ali, affirment qu'un journaliste s'est vu proposer la photo d'un ministre français. Les médias français s'intéressent alors aux documents, lesquels risquent d'embarrasser beaucoup de monde, notamment les politiciens français. On découvre que le RCD avait des activités d'espionnage sur les français sur leur propre sol. Jeudi, à 6h30 du matin, ils ont été “dégagés” par les forces de l'ordre françaises. Le bâtiment a en fait été annexé par l'Ambassade de Tunisie en France. N'ayant nulle part où aller, une trentaine d'entre eux se sont retrouvés sur la pelouse du parc des Buttes-Chaumont. C'est ainsi que la nuit tombant, ils décidèrent d'y dormir, à la belle étoile. Les migrants racontent à Paul Da Silva comment la police a débarqué dans la nuit: "une patrouille de police est arrivée les réveiller, lampe torche au poing. Ceci a eu pour effet d'en agacer certains". La tension montant, les forces de l'ordre finissent par gazer l'air au lacrymogène. Trois réfugiés termineront leur nuit à l'hôpital, dont deux mineurs Après une journée assez mouvementée et sous la pluie, les migrants s'apprêtaient à passer une deuxième nuit dans le parc, Ils sont rejoints cette fois par deux citoyens français, Paul Da Silva et Elisabeth Laude. La nuit se passe dans le calme et le froid. Selon Da Silva, la Sûreté de Paris les a autorisé a passé la nuit dans le Parc mais leur a demandé d'enlever la bâche qu'ils utilisaient pour se protéger de la pluie "pour ne pas gâcher le paysage", de ne pas boire d'alcool et de ranger les drapeaux tunisiens. A la fin de la troisième journée dehors, les migrants sont prévenus qu'il ne peuvent pas passer la nuit dans le parc. La raison avancée n'est autre qu'un risque de tempête sur Paris. On les jette à la rue. "Un des gardiens nous conseille de revenir à 22h et d’être discrets" rapporte Da Silva. Un franco-tunisien a également proposé d' "accueillir 12 personnes dans un studio de 18m²". Responsabilité de l'ambassade Tunisienne. C'est suite à l'annexation du bâtiment par l'ambassade tunisienne, le mercredi 15 juin, que l'affaire a refait surface. Dès le lendemain matin, les CRS expulsaient les squatteurs, sur demande de l'ambassade qui n'a prévu aucun logement de remplacement pour ses concitoyens qu'elle jette à la rue. Le 36 rue Botzaris est désormais sous surveillance par des vigiles et des chiens et ce, jour et nuit. C'est le contribuable tunisien qui paye. Fay, une citoyenne française qui aidait les migrants s'est retrouvée seule face à un homme qui lui posait beaucoup de questions sur son identité et la raison de sa venue dans le parc. Un couple la prenait également en photo. Pour ces raisons, elle ne désire pas révéler son nom. Elle exprime sa crainte d'une éventuelle infiltration du groupe de migrants, "je crains que ça soit un homme du RCD, il est vraiment sorti de nulle part". Après avoir été dispersés dans la nuit, Fay s'inquiète de la possibilité de "représailles contre ces pauvres migrants à cause des documents du 36 rue Botzaris". Intéressée plus par l'aspect humanitaire que politique, elle a joint la mosquée de paris hier dans l'espoir de trouver un refuge pour les tunisiens. Au téléphone, elle a eu comme réponse que "la mosquée est un lieu de prière". Elle précise à son correspondant "qu'il y a des mineurs parmi eux". La réponse s'est faite attendre : "Après un long moment de réflexion, il m'a raccroché au nez". Responsabilité française. Fay s'indigne du comportement de ses concitoyens Français. "Le Tunisien va pouvoir récupérer son pays maintenant alors que certains avaient prévu d'y passer leur retraite comme des pachas". Outre les deux expulsions, les policiers ont été sur le qui-vive durant ces trois jours. Il y a eu "des contrôle de papiers aux faciès" précise Fay notamment sur "un gamin du quartier qui ne comprenait pas pourquoi on le contrôlait. Les voisins ont informé les policiers qu'il était du quartier mais ils ont insisté. Le pauvre gamin était en larmes". Des questions restent en suspens quant aux raisons des incidents de jeudi soir où même les gaz lacrymogènes ont été utilisés. Il y aurait eu une autre altercation hier. Une autre question porte sur cette décision de mettre les migrants à la rue à cause d'une tempête. Pourtant, "une “Boum” Party privée a lieu dans le restaurant des Buttes Chaumont qui accueille facilement 200 personnes qui feront la fête toute la nuit" rapporte Da Silva. Il précise que la police leur demande de quitter les lieux "pour ne pas mettre en danger la responsabilité de la mairie ou du responsable du parc". Crédit photos : Dragan LEKIC / Libre Arbitre.



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