Après une année d’absence due à la pandémie de la covid 19, c’est en quatre langues, anglais, espagnol, français et coréen, qu’a été déclarée ouverte la 74ème édition du festival de Cannes, par Jodie Foster, Pédro Almodovar, Spike Lee et Bong Joon-ho, lauréat de la Palme d’Or en 2019 avec son film Parasite.
En fait, un moment pratiquement magique que tous attendaient après une année de confinement et de cauchemars. C’était presque incroyable. Jusqu’à la dernière minute, on se posait la question : cette édition aura-t-elle lieu réellement ? Les invités et accrédités étrangers, surtout de pays en zone rouge, pourraient-ils y participer avec toutes ces restrictions de voyage ?
Même en étant sur place deux jour avant l’ouverture, même en voyant tous les préparatifs qui rendaient l’évènement tant attendu réel, le doute persistait quand même. Et si… Et si…
En plus, la question que tous se posaient : comment allait se dérouler le tapis rouge et la cérémonie d’ouverture dans ces conditions ?
Le festival de Venise qui avait quand même organisé son édition de 2020 avait veillé à l’application stricte des règles sanitaires, qu’en sera-t-il du festival de Cannes ?
Depuis la veille, bravant le risque de contamination, et sachant qu’ils seront les uns sur les autres, comme chaque année les cinéphiles avaient commencé à installer leurs escabeaux et chaises pour pouvoir suivre le passage des stars sur le tapis rouge.
A l’heure prévue et tant attendue, a débuté la montée des marches, qui s’est déroulée comme chaque année (même décor, même musique, même tapis rouge…), à la différence près que certaines personnes portaient des masques. Mais les autres règles, comme la distanciation physique, n’étaient pas respectées, et les gens se faisaient même la bise. C’est ainsi qu’on a pu voir par exemple Spike Lee enlacer Thierry Frémaux et Pierre Lescure et embrasser même la ministre de la culture, faisant fi de toutes les règles sanitaires ! Sont-ils tous vaccinés ? N’ont-ils pas peur de la contagion ?
Malgré cette petite crainte que chacun avait en lui, on s’est senti revivre. Réellement. Comme si cette cérémonie d’ouverture du festival venait de mettre fin à cette parenthèse d’un an et demi, pendant laquelle on avait eu l’impression d’être en dehors du temps et de la vie réelle.
Spike Lee, premier président noir du Jury de la compétition officielle (à l’origine il devait l’être lors de l’édition de 2020 qui avait malheureusement été annulée), arrivé aux pieds des marches dans un costume rose fuchsia, des lunettes assorties et des sneakers aux couleurs du drapeau français, a même esquissé quelques pas de dance devant les photographes. Une autre façon de montrer sa joie de vivre et de retrouver cette ambiance de fête du cinéma.
Il était accompagné des membres du jury, qui cette fois-ci est composé de cinq femmes et trois hommes : le cinéaste brésilien Kleber Mendonça Filho, la réalisatrice autrichienne Jessica Hausner, la comédienne et productrice française Mélanie Laurent, la réalisatrice franco-sénégalaise Mati Diop, l’acteur sud-coréen Song Kang-ho, l’acteur français Tahar Rahim, l’actrice et réalisatrice américaine Maggie Gyllenhall, ainsi que de la star de la chanson Mylène Farmer.
Tahar Rahim, qui en 2015, avait été membre du Jury Un Certain Regard, sera bientôt à l’affiche avec Jodie Foster dans le film Désigné coupable, réalisé par Kevin Macdonald.
Très sobre et élégante dans une belle robe blanche ornée de strass, Jodie Foster, présente avec sa femme Alexandra, a déclaré, dans un français impeccable, lors de l’hommage qui lui avait été rendu lors de la cérémonie, que le glamour lui avait manqué, même s’il n’y avait rien de mieux que de passer une soirée en pyjama en train de regarder un film, et que cela avait été sa bouée de sauvetage pendant cette année de confinement. Les salles de cinéma étaient fermées, mais le cinéma avait continué sous une forme nouvelle. Elle a ajouté qu’après 55 ans de métier, elle appréciait l’évolution constante du cinéma, la créativité qui se renouvelle et qui renouvelle le métier, la magie des images, l’authenticité des émotions… Le cinéma est là pour toucher et que s’ouvrir et se donner aux spectateurs lui apporte la plus grande joie.
C’est Pédro Almodovar qui a remis la Palme d’Or d’honneur à Jodie Foster, pour rendre hommage à sa longue carrière d’actrice, de réalisatrice et de productrice. Les larmes aux yeux, Jodie Foster a dit son bonheur d’être à Cannes « avec ma tribu et ma femme » et sa fierté de faire partie de cette communauté.
Jodie Foster sera en rendez-vous pour échanger avec les festivaliers et parler de sa carrière, qu’elle a commencé étant enfant, de sa filmographie incroyable, des souvenirs de son premier voyage à Cannes, etc…
Également parmi les invités de cette 74ème édition, le réalisateur Bong Joon-ho qui a expliqué sa présence à Cannes : en effet, alors qu’il était occupé à écrire un scénario, il avait reçu un coup de fil de Thierry Frémaux lui demandant d’être là pour l’ouverture. Comme il avait été très étonné, Thierry lui avait répondu que le festival souhaitait sa présence pour faire le lien entre l’édition 2019 et l’édition de 2021, puisqu’en 2019, il avait remporté la Palme d’Or avec son film Parasite. Il a ajouté qu’en voyant tous ces invités présents à cette cérémonie, il avait eu l’impression qu’il n’y avait pas eu de rupture réellement, que le cinéma ne s’était jamais arrêté, et qu’il a la conviction que comme dans le film L’Arrivée d’un train en gare de La Ciotat des frères Lumière, le train continu à courir, le cinéma avance dans le temps et justement tous les cinéastes sont les témoins de ce septième Art.
Parmi les invités de cette cérémonie d’ouverture, Marion Cotillard et Adam Driver, présents à Cannes avec le film d’ouverture Annette réalisé par Leos Carax sur une musique des Sparks. Cette comédie musicale, qui était prête depuis l’année dernière, est également en compétition officielle et raconte une histoire d’amour entre Henry, un humoriste avec un fort sens de l’humour et Ann, une chanteuse d’opéra de renommée mondiale. Leur couple ne résiste pas à l’arrivée de leur petite fille, Annette, une curieuse marionnette.
En 2019, Adam Driver était également présent à la 72ème édition Festival de Cannes avec le film d’ouverture The Dead Don’t Die réalisé par Jim Jarmusch. En 2018, il était également à Cannes avec BlacKkKlansman : J’ai infiltré le Ku Klux Klan, de Spike Lee. Le film avait d’ailleurs remporté le Grand Prix du jury et une mention spéciale du jury œcuménique.
Neïla Driss
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