Le chien violemment frappé par un individu à Sousse, n’a pas survécu à ses blessures. Cette issue tragique, largement relayée sur les réseaux sociaux, a provoqué une onde de choc parmi les défenseurs des animaux. Mais au-delà de l’émotion, elle interroge sur la place que notre société accorde à la vie animale.
Ce décès ne devrait pas être perçu comme un simple fait divers. Il est le symbole d’une situation chronique en Tunisie : l’animal reste considéré comme un objet, un bien sans valeur morale, qu’on utilise, qu’on maltraite et qu’on abandonne sans craindre de véritables conséquences.
En Tunisie, malgré quelques associations actives et engagées, la protection animale reste marginale. Les textes de loi existants sont rarement appliqués, et les sanctions demeurent faibles. Dans les mentalités, l’animal est encore trop souvent perçu comme un outil — un moyen de garde, de travail ou de consommation — plutôt que comme un être sensible.
Cette absence de reconnaissance se traduit par des scènes quotidiennes de maltraitance : chiens et chats errants empoisonnés, bêtes de somme épuisées, animaux domestiques négligés. Les campagnes de sensibilisation peinent à infléchir les comportements, faute d’un cadre légal strict et de moyens dédiés au contrôle.
Pour les défenseurs de la cause animale, ce décès doit servir d’électrochoc. Il ne s’agit pas seulement de punir les actes de cruauté, mais de repenser la relation que nous entretenons avec les animaux. Sans une réforme claire de la législation et un changement de regard, d’autres drames semblables continueront de se répéter.
Le regard de la société
Au-delà des lois, c’est un problème culturel. Pour beaucoup, un animal n’est pas un être sensible mais un outil, un gardien ou un produit. La compassion animale est perçue comme un luxe, presque un caprice, dans un pays où les difficultés économiques pèsent lourd. Pourtant, la misère sociale ne peut justifier la cruauté.
Les associations de défense animale tirent la sonnette d’alarme depuis des années, mais leur action se heurte à un manque criant de moyens et de soutien institutionnel. Ce décès devrait servir d’électrochoc : il est temps de réformer la loi, de durcir les sanctions, et surtout de sensibiliser massivement à la valeur de la vie animale. Car un pays qui ferme les yeux sur la souffrance des plus vulnérables – y compris celle des animaux – ferme aussi les yeux sur une part de son humanité.