Des soupçons de mauvaise gestion et de corruption éclaboussent la société publique Ellouhoum, en charge du marché des viandes rouges en Tunisie. Après une visite parlementaire ayant révélé de graves dysfonctionnements, le parquet de Tunis a ordonné l’ouverture d’une enquête judiciaire visant plusieurs responsables, dont un ancien directeur général.
Le parquet près le Tribunal de première instance de Tunis a ordonné l’ouverture d’une enquête judiciaire autour de présomptions de corruption financière et administrative au sein de la société publique Ellouhoum. Cette décision, confirmée jeudi 5 juin par la députée Syrine Mrabet, fait suite à une visite de terrain effectuée le 29 mai par une délégation parlementaire à l’approche de l’Aïd Al-Idha.
Composée de membres de la Commission de l’industrie, du commerce, de l’énergie et de l’environnement ainsi que de plusieurs élus de Tunis, cette délégation s’était rendue au siège de l’entreprise avant de visiter ses installations.
Lors de la réunion de travail, le gestionnaire délégué de la société a dressé un tableau préoccupant de la situation : dettes accumulées auprès de la Banque nationale agricole depuis 2012, pertes financières récurrentes liées à l’importation de moutons pour l’Aïd, manque de ressources matérielles, et infrastructures vieillissantes. Il a plaidé pour une intervention de l’État afin d’alléger les charges financières de l’entreprise, en suggérant notamment la réhabilitation des abattoirs.
Les députés ont de leur côté rappelé les dispositifs déjà mis en place, tels que les exonérations douanières prévues dans les lois de finances de 2024 et 2025, tout en appelant à un soutien plus structurant pour remettre Ellouhoum sur pied.
Mais c’est surtout la visite des installations qui a éveillé de vives inquiétudes : stagnation des eaux usées, dysfonctionnement de la station d’épuration, gestion des déchets déficiente, exploitation insuffisante du foncier… Autant de constats qui ont poussé les élus à demander une réforme en profondeur du secteur de la viande, jugé stratégique.
Dans la foulée, la justice s’est saisie de l’affaire. Le ministère public a chargé la Direction des affaires judiciaires de la Garde nationale à Ben Arous d’ouvrir une enquête visant plusieurs responsables de l’entreprise. Parmi eux, un ancien directeur général. Le nouveau directeur, quant à lui, n’est en poste que depuis quelques semaines.