Rayan Khelifi, jeune homme de 19 ans détenu depuis trois semaines à la prison de Bizerte pour possession de drogue, aurait été victime de torture en détention. Son avocate, Me Rihab Ben Abda Smaali, affirme qu’il a été transféré le 3 mai à l’hôpital psychiatrique Razi sans que ni sa famille ni la défense n’en soient informées.
Intervenant sur les ondes de la Radio nationale, Me Smaali a décrit un client en détresse, présentant des bleus, des cicatrices et une brûlure à la main. Selon elle, le jeune homme lui aurait confié des pensées suicidaires et montré des traces de violences visibles sur son corps.
Arrêté lors d’un entretien d’embauche, Khelifi avait comparu devant la justice le 22 avril. Lors d’une visite familiale le 29 avril, ses proches l’ont trouvé dans un état second, méconnaissable. L’administration pénitentiaire a attribué ce comportement à un « choc psychologique ».
L’avocate a déposé une plainte pour torture et exigé une auscultation immédiate et une enquête. Elle soulève aussi des soupçons d’agression sexuelle, en l’absence d’examen médical rapide. Aucune réponse ne lui a été fournie par la direction de la prison ni par le procureur.
L’Organisation contre la torture en Tunisie (OCTT) et la Ligue tunisienne des droits de l’Homme (LTDH) se sont saisies du dossier. Une délégation, accompagnée d’un médecin, s’est rendue à l’hôpital Razi. Les deux organismes dénoncent un traitement opaque et un risque de dissimulation de preuves.
De son côté, le ministère de la Justice a publié un communiqué assurant que des examens médicaux ont été réalisés, ce que conteste l’avocate. Elle souligne les contradictions entre les déclarations officielles et celles d’un agent pénitentiaire.
Enfin, Me Smaali a fermement démenti toute implication dans la diffusion d’une photo prétendument liée à son client, diffusée sur les réseaux sociaux, dénonçant une tentative de diversion face à la gravité de l’affaire.