Demain soir aura lieu l’ouverture de la première édition du très attendu festival du film d’El Gouna en Egypte.
La particularité de ce festival, qui sera annuel, est qu’il est fondé et financé par des fonds privés, en l’occurrence par les hommes d’affaires égyptiens Naguib et Samih Sawiris.
Naguib Sawiris, président de la société Orascom, est un grand cinéphile et a été pendant longtemps le parrain du Festival International du Film du Caire qu’il a sponsorisé durant plusieurs années.
Samih Sawiris est le promoteur de la station balnéaire El Gouna, dans laquelle se déroulera le festival.
En fait, il s’agit d’une tentative intelligente d’allier cinéma et tourisme, culture et bénéfices. Le site web du festival renvoie d’ailleurs vers le site web de la station balnéaire d’El Gouna, avec un lien vers la plateforme de réservation d’hôtels et diverses formules de séjours.
Le festival dispose d’un très gros budget (on dit qu’il est dix fois supérieur au budget du Festival International du Film du Caire, donc environ 90 millions de livres égyptiennes) ce qui lui a permit d’inviter des personnalités prestigieuses du monde du cinéma et d’attirer des films intéressants grâce aux récompenses importantes qu’il offre (plus de 200.000$). A titre d’exemple, pour la compétition des longs métrages fiction, les prix sont:
L’Etoile d’Or d’El Gouna pour le meilleur film de fiction : un trophée, un certificat et 50.000 $
L’Etoile d’Argent d’El Gouna pour le second meilleur film de fiction : un trophée, un certificat et 25.000 $
L’Etoile de Bronze d’El Gouna pour le troisième meilleur film de fiction : un trophée, un certificat et 15.000 $
L’Etoile d’El Gouna pour le meilleur film arabe de fiction : un trophée, un certificat et 20.000 $
Une polémique existe actuellement en Egypte, certains craignant que ce festival ne fasse de l’ombre au Festival International du Film du Caire. C’est d’ailleurs peut-être même déjà le cas : on peut le remarquer par le nombre de stars annoncées pour assister aussi bien aux cérémonies d’ouverture et de clôture du festival que pour participer aux divers ateliers et tables rondes. Par ailleurs parmi les films sélectionnés, certains étaient pressentis pour figurer dans le programme du Festival du Caire et ont préféré le festival d’El Gouna.
Personnellement je soutiens totalement cette initiative privée, je trouve que les hommes d’affaires devraient de plus en plus investir dans la culture, qui contrairement à ce que certains croient, rapporte sur tous les plans.
Qui connaissait la ville de Cannes avant ?
Regardez ce qu’elle est devenue grâce au festival!
Elle est mondialement connue et attire des centaines de milliers de touristes chaque année.
Je pense que Naguib Sawiris a justement pris exemple sur Cannes. Et c’est d’ailleurs dans cette ville qu’à eu lieu le lancement du festival d’El Gouna.
En effet, M.Sawiris avait organisé une réception sur son propre yacht qui était à quai à Cannes. Y avaient été invités plusieurs professionnels du cinéma du monde entier.
Reception donnée sur le yacht de M.Naguib Sawiris à Cannes pour lancer le Festival du Film d’El Gouna.
Lors de la conférence de presse qui a précédée le début du festival de quelques jours, Samih Sawiris a d’ailleurs affirmé qu’il aspirait à « transformer El Gouna en la Côte d’Azur égyptienne » et y attirer les touristes grâce à ce festival.
Conférence de presse précédant le Festival du Film d’El Gouna
La programmation paraît très intéressante : 70 films de qualité, provenant du monde entier, dont la plupart avaient déjà été sélectionnés ou primés dans de grands festivals tels que ceux de Cannes, Venise ou Toronto.
En plus des trois compétitions officielles: longs métrages fiction, longs métrages documentaires et courts métrages, il y a une sélection officielle de films en hors compétition et une section spéciale. Le festival privilégiera les films ayant un caractère humanitaire, le thème du festival étant justement « Le cinéma pour l’Humanité ».
Le festival d’El Gouna dispose d’une plateforme pour promouvoir le cinéma arabe : Cinégouna. Cette plateforme permettra la rencontre des professionnels arabes avec des professionnels du monde entier: producteurs, réalisateurs, programmateurs, distributeurs… de façons à offrir de nouvelles opportunités aux cinéastes arabes et leur permettre de se constituer des réseaux pour le financement, la coproduction et même le conseil.
Le film égyptien Sheikh Jackson de Amr Salama, avec Ahmed El Feshawy et Ahmed Malek dans les rôles principaux, a été choisi pour faire l’ouverture. La première de ce film a eu lieu dernièrement au Festival International du Film de Toronto. C’est également le film qui vient d’être sélectionné pour représenter l’Égypte pour l’Oscar du meilleur film en langue étrangère en Mars 2018.
Parmi les films très attendus lors de ce festival, le long métrage suédois The square qui a obtenu la Palme d’Or au dernier festival de Cannes.
The square, réalisé par Ruben Östlund raconte l’histoire de Christian, conservateur au musée d’art contemporain installé dans le palais royal de Stockholm. Ambitieux, séduisant, intelligent et drôle, il prépare une exposition intitulée The Square autour d’une installation artistique (un carré lumineux) incitant les visiteurs à la tolérance et la solidarité. Lorsqu’il se fait voler son téléphone et son portefeuille par une bande de pickpockets dans la rue, il plonge dans une crise existentielle qui a des répercussions sur sa vie personnelle, révélant sa lâcheté et l’insuccès de sa vie professionnelle qui va d’échec en échec.
De Cannes est également attendu le film Le redoutable réalisé par Michel Hazanavicius qui retrace un moment très particulier de la vie du cinéaste avant-gardiste Jean Luc Godard: son mariage avec Anne Wiazemsky et l’échec de son film La chinoise en 1967, qui va être l’occasion d’une grande remise en question. Mai 68 va amplifier le processus, et la crise que traverse Jean-Luc va le transformer profondément, passant de cinéaste star en artiste maoïste hors système aussi incompris qu’incompréhensible.
Très attendus également, seront projetés, en première mondiale le film égyptien Photocopie de Tamer Al-Achr, avec Mahmoud Hemeda dans le rôle principal et en première arabe le film L’insulte du libanais Ziad Doueiri.
Malheureusement, aucun film tunisien ne sera en compétition officielle. Par contre, parmi les 16 projets qui seront présentés à la plateforme Cinégouna, deux projets tunisiens essayeront de remporter des prix et surtout bénéficier du réseautage qu’offre cette plateforme, il s’agit des projets Derrière les rideaux de Afef Ben Mahmoud et Nora au pays des merveilles de Hinde Boujemaa.
Le film tunisien El Haimoune de Naceur Khmir sera projeté en section spéciale. Ce film de 1984 est le premier de la trilogie filmée dans l’étendue du désert tunisien par le même réalisateur. Les deuxième et troisième parties de la trilogie sont Le collier perdu de la colombe en 1991 et Bab Aziz en 2005.
Deux belles tunisiennes seront également présentes à ce festival :
l’actrice, réalisatrice et productrice tunisienne Anissa Daoud qui sera membre du jury compétition des courts métrages,
et Hend Sabry qui animera un atelier tendant à sélectionner une idée qui sera développée dans un court métrage.
Hend Sabry et Tarek ben Ammar sont membres du Conseil consultatif international du festival.
Bon vent à ce jeune festival, mais qui a déjà tout d’un grand !
Neila Driss
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