Dans une déclaration de dernière minute aux médias et à la télévision nationale, Nejib El Gharbi, chargé de la communication auprès du mouvement Ennahdha, a indiqué que l’instance constitutive du Parti, qui s’est tenue ce dimanche au gouvernorat de l’Ariana sous la présidence de Rached GHANNOUCHI, a décidé le maintien de l’article 1er de la constitution, lequel fait l’objet d’un large consensus au sein de l’assemblée constituante. Plus exactement, les députés relevant de ce parti voteront en bloc dans le sens de cette résolution qui ne peut être que favorablement accueillie par les membres de la société civile et la grande majorité des partis politiques.
La prise de position du mouvement Ennahdha à ce sujet se veut être en adéquation avec ses promesses lors de la campagne électorale où ses militants, candidats et cadres ont exprimé leur attachement à la modernité, aux libertés et à la république. La question a commencé à inquiéter lorsque le député Sadok CHOUROU a évoqué en assemblée plénière l’idée d’inscrire la CHARIAA dans la constitution en tant que source de la loi. Il a été soutenu par le député Habib ELLOUZE qui est allé jusqu’à se joindre aux manifestations islamistes, appelant à modifier l’article 1er de la constitution et à le remplacer par le texte qu’ils veulent imposer.
Le danger n’est pas dans le recours à la CHARIAA en tant que source de la loi parmi tant d’autres ou source d’inspiration et d’interprétation de ses dispositions par le juge. D’ailleurs, les lois en vigueur ne contredisent pas la CHARIAA et ce, de l’aveu même de certains partisans du projet islamiste. D’ailleurs, les juges tunisiens n’ont pas hésité, dans plusieurs affaires judiciaires, à interpréter selon les préceptes de la religion. Le danger appréhendé réside, en fait, dans l’application d’institutions CHARAIQUES qui ne serait pas en conformité avec l’esprit du Coran et de la Sunna, mais correspondrait plutôt à une certaine interprétation de la loi divine. Pour le reste, tous les Tunisiens sont musulmans et fiers de leur appartenance à la communauté arabo-musulmane.
Avec cette décision, nul besoin de recourir à un référendum sur la constitution, puisque d’après le consensus adopté, cette consultation n’est nécessaire qu’en cas de non-ratification du projet final par les 2/3 des membres de la Constituante. Or, d’après les observateurs et la plupart des députés, l’accord sur le contenu de l’article 1er de la constitution sera décisif pour le vote du projet à la majorité absolue des voix.
Faut-il crier victoire dans un domaine et sur une question où tout peut arriver ou attendre la suite des événements pour s’en assurer ? En tout état de cause, la dernière décision du Parti Ennahdha est un pas important dans le sens de la construction de la république de demain et de la préservation des acquis et des libertés. Et s’il y aura anguille sous roche, ce sera un autre combat pour la société civile.