La déclaration de Othman Battikh, mufti de la République tunisienne a retenu l’attention aussi bien de l’opinion locale que des médias internationaux qui y voient non seulement un sens humaniste mais aussi une réaction renaissante de l’Islam tunisien historiquement pétri de la tolérance caractéristique de la pensée malékite.
En substance, après le meurtre de Chokri Belaid, le mufti Battikh a déclaré que tuer un être humain est proscrit par toutes les religions. Cette déclaration trouve toute sa mesure dans notre environnement actuel marqué par des imams autoproclamés qui délivrent des fatwas meurtrières et d’autres teintées du sceau du fanatisme le plus primaire.
Plus largement, les propos du cheikh Battikh peuvent être considérés comme un retour de flamme de l’Islam malékite qui reprend vigueur et devrait s’opposer au radicalisme wahabite qui déferle sur le Maghreb, fort d’un trésor de guerre en pétrodollars et d’une nomenklatura locale acquise à ses vues.
Cette déclaration augure-t-elle d’une reprise en main des mosquées tunisiennes ? Les prochains jours devraient en tous cas confirmer le retour à la responsabilité de la part de pouvoirs publics qui ont toléré l’anomalie jusqu’à l’irrémédiable meurtre d’un leader politique sur fond d’agressions généralisées au nom de la religion telle qu’elle est comprise par les fondamentalistes d’un Islam qui n’a jamais été et ne sera jamais le notre.