La campagne nationale de valorisation des peaux de moutons sacrifiés à l’occasion de l’Aïd el-Kébir a échoué à atteindre ses objectifs cette année. Selon Sami Ben Yahia, président de l’association Pour une Tunisie propre, seulement 20 % des peaux ont été collectées, contre 40 % en 2024.
Dans une déclaration à l’Agence TAP, le responsable a tiré la sonnette d’alarme : « Près de 500 000 peaux risquent d’être abandonnées dans la nature ou enfouies sans traitement, ce qui représenterait un désastre écologique ».
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : sur environ 800 000 peaux issues des sacrifices de l’Aïd dans les foyers tunisiens, à peine 160 000 ont été récupérées. L’année précédente, la campagne avait permis d’en collecter plus de 300 000. Ce recul s’explique principalement par le boycott des tanneurs et des collecteurs, qui ont refusé de participer à l’opération cette année.
Les tanneurs, selon Ben Yahia, ont conditionné leur participation à l’obtention de dérogations exceptionnelles pour exporter les peaux, arguant que leur valorisation sur le marché local n’est plus rentable.
Au total, seules trois ou quatre tanneries sur les quinze actives dans le pays ont pris part à la campagne. Des réunions ont pourtant eu lieu au siège du Centre national du cuir et de la chaussure en amont de l’Aïd, réunissant les parties prenantes, dont les tanneurs et l’association Pour une Tunisie propre. Mais aucun accord n’a pu être trouvé à temps.
Cette situation met en lumière les lacunes de la filière et l’urgence de revoir le dispositif de valorisation des déchets de l’Aïd pour éviter un impact environnemental dramatique.