Face à la fin du régime portugais et à la hausse du coût de la vie, Hammamet séduit une nouvelle génération de retraités italiens autonomes et bien dotés.
Ils sont discrets, mais bien là. Plus d’un millier de retraités italiens ont choisi, entre 2019 et 2023, de transférer leur résidence fiscale en Tunisie, selon un rapport de l’INPS publié hier par Corriere della Sera. Une migration silencieuse, mais révélatrice, dans un paysage post-retraite européen en recomposition.
Le profil de ces migrants de l’âge mûr a changé : plus jeunes, majoritairement des hommes (61 % en 2023), anciens fonctionnaires ou cadres, ils partent non plus pour des raisons familiales ou historiques, mais par arbitrage économique et climatique. La Tunisie, et plus particulièrement Hammamet, coche plusieurs cases : coût de la vie modéré, climat stable, proximité géographique et fiscalité avantageuse.
Depuis la suppression du régime portugais en 2024, la Tunisie a gagné en attractivité. À Hammamet, près de 4 000 retraités italiens vivraient désormais à l’année, selon des estimations croisées, représentant une part non négligeable des quelque 6 000 Italiens présents dans la ville.
L’impact est visible mais mesuré. Pas de “Little Italy” fermée sur elle-même : les retraités italiens s’intègrent, rénovent des maisons anciennes, fréquentent médecins privés, commerces de proximité, ou clubs bilingues. La fiscalité tunisienne, quant à elle, reste avantageuse : 80 % des pensions exonérées, imposition effective pouvant descendre à 5 % dans certains cas.
Pour la Tunisie, cette présence est source de devises stables, dans un contexte où l’euro reste précieux. Mais le pays ne semble pas encore structurer de politique claire d’accueil. Contrairement au Maroc, aucune agence nationale ne supervise ce flux, ni n’anticipe ses effets secondaires sur le logement ou les services de santé.
Si Hammamet n’est pas (encore) la nouvelle capitale des retraités européens, elle en incarne les prémices. Une géographie douce du vieillissement, portée par des choix individuels, des ajustements fiscaux, et une mer qui reste à portée de regard.
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