La faculté des sciences juridiques politiques et sociales de Jendouba déjà le théâtre d’une forte perturbation à l’entame de l’année universitaire ou pour mémoire, les membres du conseil scientifique ont été séquestrés et insultés par quelques étudiants (une minorité), la voici de nouveau confrontée à de nouveaux incidents d’une extrême gravité.
Succédant dans la fonction de doyen en janvier 2013 au Professeur Salah Boumiza promu vice recteur de l’Université de Jendouba, le Professeur Baccar Ghrib, lui aussi une compétence scientifique reconnue par tous ses pairs et par la communauté des scientifiques au plan international, a continué le travail de remise en ordre pédagogique et disciplinaire initié par l’ancien doyen et le conseil scientifique. Cette nouvelle politique où le maître mot est zéro tolérance par rapport à la triche a provoqué une véritable hécatombe auprès de maîtres tricheurs lors de la session de mai 2013.
Les décisions disciplinaires exemplaires qui s’en sont suivies ont suscité chez les étudiants ayant fait l’objet de sanctions une réaction immédiate et un déploiement de moyens extrêmes, non sans avoir négligé au passage l’usage des voies de recours prévues par la loi. Optant d’emblée pour la méthode forte consistant dans le blocage intégral de la session de contrôle par l’occupation de force des lieux.En effet, par deux fois (lundi 17 et lundi 24 juin), l’examen n’a pas pu avoir lieu pour cause de grève sauvage et de cordons humains pour empêcher les étudiants désireux de passer les examens de se présenter dans les salles prévues à cet effet. Ce blocage né de la protestation contre les sanctions disciplinaires auquel s’est venu s’ajouter un nouveau motif, à savoir la gabegie au niveau de la comptabilisation des notes et des matières à repasser, s’est transformé en mouvement de protestation massif. Les événements se succédant, une dernière revendication a vu le jour, à savoir la demande du départ du doyen.
Concernant les erreurs sur les notes et la comptabilisation des moyennes, l’administration avait beau rappeler que ces dernières étaient dues aux défaillances du logiciel national «Selima» dont l’application est généralisée dans toutes les facultés et que les rectificatifs étaient en cours mais rien n’y fit. Pour ce qui est de la revendication réclamant le départ du doyen élu de cette institution universitaire, tout est parti d’une campagne alimentée par certains tenants du laxisme pas du tout contents de la campagne anti-fraude.
Un campagne d’une rare violence et d’une bassesse sans nom faisant endosser au doyen des déclarations qu’il n’a jamais faites, comme celle d’avoir décrété que le taux de réussite ne dépassera pas 5% pour la session de contrôle ou encore qu’il aurait tenu des propos qui rabaisseraient la région de Jendouba. Vérification faite, personne n’a été capable d’amener la preuve de tels propos, idem sur les supposés phrases insultantes envers Jendouba. La réalité c’est que cette salve d’intox, bien à l’opposé du personnage du doyen, un enseignant respecté dans la région et s’étant distingué de par le passé par un militantisme exemplaire en faveur de l’institution universitaire et de la région de Jendouba était de la pure calomnie.
En résumé, la tête d’un homme, un éminent scientifique, est aujourd’hui mise à prix pour des considérations d’exemplarité dans la répression de la fraude d’une part et pour des enjeux de pouvoir au niveau local d’autre part. Une institution est en train de se dégrader progressivement sur le plan de la valeur scientifique de ses diplômes. Enfin, par les slogans traitant les enseignants de «klebs» ou encore des «dégage ya khomaje», une dizaine d’étudiants et de personnes étrangères à la faculté sont en train de saboter les efforts de dépassement de cette crise en installant un climat de terreur intellectuelle tel que les représentants des étudiants, pourtant favorables à une sortie de la crise par le dialogue sont désormais dépassés par la radicalité du mouvement .
Restons toutefois optimistes et espérons un coup de pouce décisif de l’autorité de tutelle jusque là étrangement attentiste pour ne pas dire laxiste et gageons qu’une fois cette crise dépassée, la Faculté de Jendouba pourra reprendre sa place comme le fleuron de la région de Jendouba et un exemple d’université citoyenne dont le but est d’abord de dispenser le savoir. Sur ce dernier point, l’attitude de la majorité des étudiants sérieux et fort respectueux du savoir et de leurs enseignants est une garantie de taille pour que vive le savoir à Jendouba et dans tout le Nord-Ouest.