Neuf suspects ont été déjà arrêtés dans l’affaire du meurtre de Mohamed Sboui, le commissaire retrouvé mort à Jebel Jelloud. Jusque-là, les seules infos plus ou moins précises n’ont pas été fournies par le ministère de l’Intérieur, mais, curieusement, par Rached Ghannouchi qui a, implicitement, communiqué de précieux éléments.
On sait que les assassins sont jeunes (ils ont entre vingt et trente-cinq ans), qu’ils habitent, essentiellement deux quartiers : Dubosville, puis Jebel Jelloud. On sait aussi qu’ils n’appartiennent à la mouvance salafiste que depuis deux années tout au plus, avant, ils étaient, en gros, des délinquants notoires connus des citoyens des quartiers en question pour de multiples larcins, des bagarres et du tapage lié à l’alcool.
Certains d’entre eux ont déjà un bon casier judiciaire. Les inculpés, dont l’imam de la mosquée «dénoncé» par Ghanouchi, auraient tous participé, il y a plus d’un an, et selon plusieurs témoignages, à un coup de force «salafiste» pour s’adjuger une mosquée, devenue par ailleurs un véritable QG pour ces éléments.
La grande question c’est pour qui roulaient les assassins ? Ce qui est sûr, selon les mêmes témoignages, une mouvance salafiste ou se présentant comme telle les soutenait financièrement, elle prodiguait une aide en espèces et en nature à leurs familles, par ailleurs, très pauvres.
On comprend aujourd’hui l’embarras de certains cheikhs salafistes devant un crime aussi odieux qu’ils ne peuvent pas cautionner, mais dont la culpabilité retombe également sur eux. Ils se sentent comme trahis par ces jeunes qui devraient, maintenant, avouer le mobile de leur forfait : ou il s’agit d’un simple braquage, comme au temps de leur délinquance, qui a mal tourné, ou un meurtre planifié et commandité par une mouvance islamiste extrémiste chapeauté par l’imam.
La dernière hypothèse et celle que pas mal de langues commencent à faire circuler est que ces assassins cavalent pour une toute autre force qui n’a pas de lien direct avec le salafisme et que le crime est tombé en plein «bras-de-fer» avec «Ansar Al Chariaâ», ce qui les a encore plus discrédité auprès des gens.
Y a-t-il traitrise ? Pour d’«anciens» délinquants, le pas peut être facilement franchi. Mais saura-t-on, un jour, la vérité ? C’est peu probable tant que ce crime continuera à ternir la réputation des salafistes.