Le 8 septembre 2025, le navire Family, de la flottille Global Sumud, est touché par un incendie alors qu’il est amarré au port de Sidi Bou Saïd. Les autorités tunisiennes évoquent d’abord un accident lié à un gilet de sauvetage ou un mégot de cigarette. Le lendemain, un second navire, l’Alma, subit un incident similaire. Les organisateurs dénoncent immédiatement l’utilisation d’un drone.
Face à ces accusations, le ministère de l’Intérieur change radicalement de position et qualifie l’incident de « prémédité », annonçant l’ouverture d’une enquête pour identifier les responsables. Ce revirement, après des premières déclarations minimisant l’affaire, laisse entendre que l’enjeu dépasse le cadre d’un simple incident portuaire.
Les pistes à explorer
. Israël : un acteur probable
Les organisateurs de la flottille ont rapidement pointé Israël comme responsable. Plusieurs éléments alimentent cette hypothèse : seule l’armée israélienne dispose de drones capables d’atteindre les navires en haute mer et de frapper avec précision, et l’État hébreu a historiquement cherché à empêcher les initiatives internationales visant à briser le blocus de Gaza. L’attaque pourrait donc s’inscrire dans une logique de dissuasion et de contrôle du narratif international sur la question palestinienne. Sauf que la mobilisation de drone depuis Israel ou depuis une autre base régionale sans que les autorités tunisiennes ne parviennent à les detecter reste peu plausible.
. Acteurs régionaux ou locaux
Une autre hypothèse très probable et non négligeables, certains groupes locaux ou régionaux pourraient avoir un intérêt à semer le trouble en Tunisie. Une attaque contre une flottille humanitaire génère de la médiatisation et peut servir des agendas politiques ou économiques, notamment en alimentant les tensions entre la Tunisie et ses partenaires internationaux. N’oublions pas que la dernière guerre entre l’Iran et Israel a commencé lorsque ce dernier a ciblé son ennemi de l’intérieur du territoire iranien. En effet, des acteurs internes à la Tunisie pourraient également être impliqués, travaillant de manière indirecte pour servir des intérêts étrangers, notamment israéliens. Dans ce contexte, l’assassinat de Mohamed Zouari en 2016, ingénieur droniste tunisien lié au Hamas et tué à Sfax, rappelle que des réseaux locaux ont déjà été ciblés ou manipulés pour affaiblir des initiatives palestiniennes, soulignant la vulnérabilité des acteurs tunisiens face à des pressions géopolitiques et des opérations clandestines orchestrées depuis l’étranger.
. Les signes d’une opération planifiée
Le fait que deux navires aient été touchés à quelques heures d’intervalle et que le ministère parle désormais de préméditation suggère un niveau d’organisation élevé. L’incident ne ressemble pas à un simple accident, et les contradictions initiales entre démenti et qualification de préméditation soulignent les pressions politiques et diplomatiques qui entourent cette affaire.
L’incident de Sidi Bou Saïd dépasse largement la simple sécurité maritime. Il est devenu un révélateur des tensions géopolitiques qui entourent la question palestinienne, et un test pour la capacité des autorités tunisiennes à gérer des crises aux ramifications internationales. Les incohérences initiales dans les versions officielles montrent que derrière le feu d’un port tunisien se cachent des enjeux beaucoup plus complexes que ce que laissent apparaître les premières images.
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