Faudrait-il revenir sur les douloureux suicides d’enfants qui se sont multipliés ces dernières années ? Faudrait-il remuer le couteau dans la plaie béante de cette descente aux enfers de l’enfance ?
Psychologues, travailleurs de terrain, instituteurs et éducateurs font de leur mieux, nous en sommes convaincus. Toutefois, elles sont nombreuses les affaires liées à l’enfance qui ont défrayé la chronique de ces dernières années. Elles vont du suicide d’enfants en milieu rural, aux viols dans des jardins d’enfants en passant par diverses autres violences.
A ce titre, les chiffres donnent froid dans le dos, surtout lorsqu’on apprend qu’une large majorité d’enfants tunisiens ont pu être exposés à des scènes de violence.
Morts subites, épidémies et santé scolaire en miettes
Ainsi, les nouvelles sont alarmantes et ce terme n’est pas alarmiste, bien au contraire… Ces dernières semaines, nous avons subi de plein fouet le décès d’un enfant au cours d’une activité sportive scolaire. Peu auparavant, un cas de mort subite dans une classe a été rapporté par les médias.
Sur un autre plan, les intoxications alimentaires se succèdent dont la dernière a eu lieu dans une école du Nord-Ouest du pays.
Ceci pour ne pas évoquer les cas récurrents de gale et de maladies cutanées qui apparaissent ici et là révélant le délabrement du système de médecine scolaire, la mauvaise hygiène et l’eau souillée qui est souvent le lot quotidien des zones rurales.
Quant aux cas d’hépatite virale, ils sont désormais légion et font redoubler l’inquiétude des services de santé de base devant cette maladie a risque.
Une enfance mais deux Tunisies
C’est bien clair qu’il existe un problème de santé publique à l’école. Pas toutes les écoles mais suffisamment d’établissements pour démontrer qu’en la matière, deux Tunisies continuent à cohabiter dans une scandaleuse inégalité des chances et des infrastructures.
Que faire alors que la mort guette les petits dans leurs écoles ? Redoubler de vigilance et continuer à mobiliser les énergies et les bonnes volontés. Soit…
Mais cela suffira-t-il à faire face à toutes les urgences, pallier aux nombreuses démissions, replâtrer les défaillances d’un système obsolète ?
Plus que jamais, nous sommes face à nos responsabilités et, aussi, face à la faillite de l’école républicaine mise à mal par des plans d’ajustement successifs et des stratégies néo-libérales qui, c’est connu, ne fleurissent qu’en brisant des vies, qu’en faisant basculer des destins dans la pauvreté, qu’en cassant de l’humain au nom du sacro-saint profit.
Ce néo-libéralisme qui détruit le lien républicain au nom de l’argent est-il la meilleure option pour notre Tunisie? La grande misère de l’enfance rurale et les chocs subis par l’âge de l’innocence nous invitent à en douter…
Hatem Bourial