Trois chaînes publiques européennes ont annoncé, ce jeudi, leur retrait de l’Eurovision 2026. L’Espagne, les Pays-Bas et l’Irlande dénoncent la décision de l’UER de maintenir Israël dans la compétition, malgré la guerre à Gaza et les inquiétudes croissantes concernant les violations des droits humains. Une fracture politique majeure s’ouvre au sein du plus grand spectacle musical du continent.
Une rupture espagnole assumée
La télévision publique espagnole RTVE a été la première à officialiser son boycott. Dans un communiqué tranchant, elle annonce son retrait immédiat du concours 2026, quelques heures après le vote des membres de l’UER lors de leur 95e Assemblée générale à Genève.
RTVE justifie sa décision par l’impossibilité « d’ignorer la situation humanitaire dramatique » et estime que maintenir Israël dans la compétition revient à « déconnecter le concours de ses responsabilités morales ». Madrid marque ainsi l’une de ses positions politiques les plus fortes dans le paysage audiovisuel européen.
Les Pays-Bas invoquent un conflit de valeurs
Peu après, le diffuseur néerlandais Avrotros a emboîté le pas à l’Espagne. Dans son communiqué, il affirme que participer à l’édition 2026 serait « incompatible » avec les valeurs fondamentales de l’organisation.
La direction d’Avrotros explique avoir « pesé tous les aspects » avant de conclure que la présence d’Israël au concours, dans le contexte actuel, « porte atteinte à la crédibilité et à la responsabilité sociale » de la chaîne. Les Pays-Bas, pays régulièrement engagés sur les questions de libertés publiques, se retirent ainsi d’un événement auquel ils participent depuis plus de 60 ans.
L’Irlande motive son retrait par la situation à Gaza
La RTE irlandaise a annoncé à son tour qu’elle ne participera pas à l’édition 2026… et qu’elle ne la diffusera même pas sur ses antennes.
La chaîne fait explicitement référence aux « pertes humaines effroyables à Gaza » et à une crise humanitaire qui « continue de mettre en danger la vie de milliers de civils ». RTE se dit également « profondément préoccupée » par les assassinats ciblés de journalistes palestiniens et par les restrictions imposées par Israël à la presse internationale.
Une crise ouverte pour l’UER
Face à trois défections majeures, l’Union européenne de radiodiffusion traverse l’une des crises les plus profondes de son histoire. Le maintien d’Israël, décidé à Genève, provoque une fracture ouverte entre diffuseurs publics. D’autres télévisions européennes pourraient suivre, selon plusieurs sources internes.
L’Eurovision, vitrine culturelle de l’Europe depuis 1956, se trouve désormais prise dans un tourbillon politique dont l’ampleur pourrait redéfinir ses règles et sa ligne éditoriale pour les années à venir.
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