En marge du tournoi WTA 1000 de Rome, la joueuse tunisienne Ons Jabeur, visiblement affectée, s’est confiée sur une période particulièrement éprouvante de sa carrière, tant sur le plan sportif qu’émotionnel. Si elle revient à peine d’une série de blessures, c’est surtout la crise humanitaire à Gaza qui la bouleverse profondément.
Classée 36e mondiale, Jabeur a vu sa saison 2024 brutalement interrompue en août dernier à cause d’une blessure à l’épaule. Et son retour à la compétition cette année a été freiné par une nouvelle alerte musculaire en mars, à Miami, contre Jasmine Paolini. Depuis, la Tunisienne peine à retrouver son niveau, battue d’entrée à Madrid.
Mais au-delà des courts, c’est son engagement auprès du Programme alimentaire mondial (PAM) qui occupe désormais une grande partie de son esprit. Ambassadrice de bonne volonté depuis février 2024, Jabeur a exprimé son indignation face à la situation dramatique dans la bande de Gaza, où le PAM a annoncé avoir épuisé ses stocks en raison du blocus israélien.
« Ils font un travail incroyable, mais quand on ferme les frontières pour affamer des enfants et des civils, c’est inhumain. Nous sommes en 2025, et je n’arrive pas à croire que cela se passe », a-t-elle déclaré en conférence de presse à Rome. Touchée par les témoignages des populations locales, Jabeur dit vivre cette réalité « 24h/24 ».
Émue, la joueuse avoue pleurer régulièrement après ses échanges avec l’organisation humanitaire. « Un Palestinien m’a demandé : “Est-ce qu’on est encore des êtres humains ?” Rien que cette question prouve que ces gens vivent l’enfer. »
Jabeur dit aussi faire face à des attaques en raison de sa prise de parole. « On m’a traitée de terroriste à plusieurs reprises. Je ne comprends pas. Je veux juste aider des enfants qui meurent de faim. » Malgré cela, elle reste déterminée à s’exprimer et à utiliser sa notoriété pour alerter.
Côté personnel, la joueuse de 30 ans s’est récemment rendue à La Mecque pour accomplir la Omra, une expérience spirituelle qu’elle décrit comme « apaisante ». « J’ai beaucoup prié. Pour la Palestine, ma famille et ma santé. »
Triple finaliste en Grand Chelem, Jabeur reconnaît avoir encore des objectifs tennistiques à atteindre : « Ce que j’ai accompli est incroyable, mais je sens qu’il manque encore quelque chose. J’attends le bon moment. Je sais qu’il viendra. »