Le coût de la vie et la dégradation du pouvoir d’achat étant ce qu’ils sont dans nos contrées, des fonctionnaires se transforment le soir en « berbachas » pour joindre les deux bouts.
Ceci n’est pas une élucubration d’esprit encore moins une divagation. L’histoire que nous racontons est réelle et elle n’est pas, sûrement, unique. Pour des raisons de confidentialité, nous n’allons pas dévoiler sa fonction et l’administration à laquelle il est rattaché.
Notre monsieur, père de famille, se rend, comme tous les fonctionnaires, le matin, à son travail. Il s’agit d’une institution publique, sise au centre-ville de Tunis.
Le soir venu, notre bonhomme troque son habit de fonctionnaire contre celui de « berbach » et s’en va sillonner les rues et ruelles de son quartier et ses environs à la recherche des bouteilles en plastique.
Quand bien même harassante et dévalorisante par rapport au statut de fonctionnaire qu’il est, cette seconde activité lui procure un complément au salaire qu’il perçoit de l’Etat et qui reste, à bien des égards, en-dessus de ses besoins.
Les personnes qui connaissent son fils – ce dernier étant inscrit dans une salle de sport – et qui sont au courant de la condition précaire du paternel, n’étaient pas au bout de leur surprise quand ils ont rencontré le papa, un soir, venu récupérer son fiston.
Ce soir-là, le paternel était tiré par quatre épingles. Il n’a pas encore troqué son habit de fonctionnaire contre celui qui prête à sa seconde activité.
Comme quoi, il ne faut se fier aux apparences.