L’une des images les plus fortes qui restera après l’enterrement de Lina Ben Mhenni restera celle des nombreuses femmes portant son cercueil.
Cette transgression des conventions ajoutée à la présence massive de femmes aux funérailles font désormais partie de l’histoire.
De plus, la remarquable présence de nombreux étrangers à la religion musulmane contribue aussi à faire de ces funérailles un temps fort exceptionnel.
A sa manière, Lina Ben Mhenni a rejoint dans la légende du cimetière du Jellaz les illustres Moncef Bey ou Ali Chouereb dont les funérailles sont demeurées légendaires.
Elle rejoint aussi dans l’humus les militants qui reposent dans le plus emblématique des cimetières tunisois.
Fait tout aussi remarquable: les femmes portant le cercueil de Lina renvoient à la séquence du film « Sourakh » (Hurlements).
Cette oeuvre d’Omar Khlifi realisée en 1973 avait fait scandale à son époque car des femmes avaient été représentées, en procession, suivant un convoi funèbre.
Cette « prémonition » de Khlifi (1934-2018) a rejailli dans l’esprit de plusieurs cinéphiles qui se souviennent de cet enterrement de Saadia, personnage principal de ce film féministe de Omar Khlifi, et de la polémique ayant suivi cette séquence.