Tunis | Lancée en septembre 2011 par Mme Semira El Goulli, l’association El Fourat pour l’intégration des autistes, a organisé ce dimanche 19 avril une journée portes ouvertes pour célébrer l’inauguration de son nouveau local à la médina de Tunis.
Œuvrer pour l’intégration des autiste de 5 à 15 ans
dans les classes de l’enseignement de base
Mme Semira El Goulli, présidente de cette association et également mère d’autiste, nous a présenté son association, son combat pour l’intégration des autistes dans la société ainsi que les raisons qui l’ont poussée à aller jusqu’au bout de son objectif.
L’Association El Fourat a deux principaux objectifs : Œuvrer pour l’intégration des autiste de 5 à 15 ans dans les classes de l’enseignement de base et la création d’un lieu de vie pour les plus de 15 ans. »La médina est un terrain d’accueil pour tous »
Mme Semira El Goulli était tout sourire lors de notre première rencontre à la veille de la journée portes ouvertes, visiblement satisfaite que son association puisse enfin débuter son travail après avoir peiné pour dénicher un local.
Ce nouveau local situé à la médina de Tunis, représente pour elle un succès d’autant plus grand que la médina de Tunis est, selon elle « une sorte de terrain d’accueil pour tous, où les autistes pourraient trouver une place parmi les corporations de métiers. » Elle a aussi lancé un appel pour le développement de jeux vidéos pour autistes.
Permettre que des artistes et des autistes se rencontrent
[quote_box_center]Cet espace est une première pour montrer les objectifs de l’association, permettre que des artistes et des autistes se rencontrent et aussi des jeunes qui ont envie de présenter leurs créations. L’idée c’est d’encourager ces micro-entreprises et en même temps réfléchir à la création d’un espace plus grand qui serait en sorte d’un mini-village d’un mini-projet pilote où des jeunes qui viennent de sortir d’une formation universitaire puissent avoir leur espace à eux où ils peuvent développer leurs projets. La seule condition est qu’ils acceptent d’avoir dans leurs ateliers des autistes parce qu’il ne faut pas qu’il y ait une formation normale, il faut les laisser déambuler d’un truc à l’autre.[/quote_box_center]
« L’autisme est une source de savoir, de sentiment, d’émotion… »Riche d’une expérience personnelle, Mme El Goulli, qui était écrivaine de contes pour enfants dont le dernier livre s’intitule « La lumière de l’eau », nous a fait part que son fils Fourat, 27 ans, atteint d’autisme a réussi à apprendre suite à son intégration avec d’autres personnes « normales » et qu’il est impératif de sensibiliser les parents ainsi que les élèves à la « notion de partage ».
[quote_box_center]Mon projet sera un coup de pouce aux normaux et aux autistes et dans la médina c’était le cas, tout le monde s’épaulait. Il n’a pas la main qui se tend, il est celui qui rayonne celui qui va apporter un plus, c’est pas de la charité c’est lui qui fait offre la charité. L’idée c’est que la société bénéficie des autistes parce qu’ils peuvent apporter beaucoup à la société et peuvent servir de trait d’union entre les gens. Ceux qui vont s’intéresser à l’autisme ne vont jamais le regretter, c’est une source de savoir, de sentiment, d’émotion.[/quote_box_center]
« Un centre culturel pour autistes »Combien d’autistes compte la Tunisie ?
La présidente de l’association El Fourat pour l’intégration des autistes s’est notamment exprimée sur les problèmes rencontrés par les autistes en Tunisie, déclarant qu’il existe assez de difficultés pour déchiffrer le nombre exact d’autistes en Tunisie.
[quote_box_center]Le problème c’est qu’avant en Tunisie, il y avait quelques autistes sur 1000 maintenant il y a un autiste sur 100 ce qui est un peu grave. Si on arrive à les aider c’est sûr qu’on va arriver à aider beaucoup de gens. On demande à l’Etat d’être à la hauteur, mais ce n’est pas l’Etat qui va tout donner, le rôle des associations est à prévoir. Notre association est un peu comme un centre culturel pour autistes. On va essayer de les mélanger à la société pour les intégrer.[/quote_box_center]r.
Mme Semira El Goulli a clôturé notre entrevue en faisant l’éloge des autres associations qui ont pour but de sensibiliser face à l’autisme : « la diversification des actions aidera à résoudre les problèmes rencontrés par les parents », dit-elle.
[pull_quote_center] »J’estime que plus on ait d’associations qui s’intéressent à l’autisme mieux c’est, plus on est différents c’est peut être mieux pour que les parents puissent aller d’un endroit à l’autre parce qu’il y a autant d’autisme qu’il y a d’autistes. Les parents ont beaucoup de problèmes et les associations sont là pour essayer de faire en sorte que chacun apporte une contribution avec ce qu’il peut. »[/pull_quote_center]
Table ronde autour de « l’autisme » durant la journée portes-ouvertes
L’association El Fourat pour l’intégration des autistes a organisé, dimanche 19 avril, une journée portes-ouvertes durant laquelle ont pris part de nombreux intervenants, entre des membres de l’association et des parents.
Pour Sirine Saadi, jeune membre active à l’association depuis septembre 2014, « l’autisme représente quelque chose d’extraordinaire et de surnaturelle ». Pour elle l’association aura pour but de travailler sur « l’art thérapie » et l’espace de l’association sera « un espace d’échange et de partage. »Par ailleurs, le trésorier de l’association, Mr Rafâa Bejaoui, considère « qu’il y a autant d’autisme que d’autistes, les autistes ne se ressemblent pas et chaque expérience peut enrichir les autres » remerciant la présidente de l’association pour son courage et sa lutte pour qu’un tel projet se réalise.
L’association El Fourat pour l’intégration des autistes a créé une page facebook pour interagir avec les parents et les citoyens qui désirent proposer leur aide. Pour Mr Bejaoui ce moyen de communication est très efficace pour sensibiliser les gens.
Internet au service des autistes
[quote_box_center] »Internet nous a un peu aidé. En créant une page facebook, les gens s’y intéressent de plus en plus, nous avons commencé à en parler dans les médias, à la radio surtout, on attend que les gens s’y intéressent de plus en plus, ce n’est pas évident pour un parent ayant un enfant autiste de franchir le pas et de venir vers une association. »[/quote_box_center]Enfin, Chaima Issa, parente mais également écrivaine et chercheuse en sciences sociales, s’est déclarée « sensible » à la cause des autistes et espère que les autistes réussiront à se développer et sortir de leur autisme « si on leur tend nos bras. »