Tunisie : La traque des non-jeûneurs, cette "tradition" désuète

Tunisie : La traque des non-jeûneurs, cette "tradition" désuète
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A quelques heures du début du Ramadan, les Tunisiens se réjouissent et se promettent un mois saint ininterrompu par le spectre de la pandémie. Toutefois, certains se trouvent gênés, voire angoissés, quant à la poursuite de leur rythme de vie quotidien au cours du mois à venir. Certes, la Tunisie est un pays à majorité musulmane, mais l'observation du jeûne reste pour certains une liberté individuelle qui se trouvent depuis quelques années menacée par une traque active de "ceux qui ne respectent pas la volonté générale".
Une circulaire vieille de plus de 40 ans 
C'est à cet effet que l'Observatoire national pour la défense de la civilité de l'État a appelé le ministère de l'Intérieur à suspendre définitivement l'application de la circulaire visant à traquer les non-jeûneurs. Emise par lui il y a plus de quarante ans "à des fins politiques circonstancielles", ce document, estime l'observatoire, est contraire à la Constitution et aux principes de la démocratie et des droits de l'homme. A l'occasion du mois de Ramadan, l'observatoire a souligné la nécessité pour les citoyens de respecter le droit à la différence entre musulmans et non-musulmans, et entre ceux qui appliquent les rituels religieux et ceux qui ne les appliquent pas, ajoutant qu'aucun individu n'a le droit de intervenir dans la nature de la relation d'un autre individu avec la religion. Il a souligné la nécessité pour l'État de protéger tous les citoyens et de les traiter sur un pied d'égalité, quelle que soit leur religion ou la nature de leur relation à la religion, sur la base des articles 2, 6 et 21 de la constitution qui garantissent la civilité de l'État, l'égalité entre les individus en droits et la liberté de conscience et de croyance.
Traque et agressions gratuites
L'année dernière, le propriétaire d’un café et de ses clients avaient été agressés par une unité sécuritaire dans le cadre de la traque des non-jeûneurs.  « Le 27 avril, une unité sécuritaire a pris d’assaut un café légalement ouvert dans le centre ville de Sfax, et a diffamé tous ses clients en les alignant sur le trottoir sous les yeux des passants et en leur donnant des cours de religion », indiquait une communiqué de la Ligue tunisienne des droits de l’homme- section Sfax nord. L’organisation avait ajouté que les forces de sécurité « ont attaqué le propriétaire du café sous prétexte qu’il encourage les clients à rompre le jeûne pendant le Ramadan, et face à sa demande de respecter la loi, ils l’ont agressé brutalement ce qui a entraîné de graves blessures ». La Ligue avait condamné ce comportement « fasciste » de certaines forces sécuritaires soulignant que la Constitution garantit la liberté de croyance et protège l’intégrité physique des citoyens.



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