Giuseppe Ellul, un Maltais en Tunisie

Giuseppe Ellul, un Maltais en Tunisie
Chroniques
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Nous avons reçu de la famille Ellul un courrier dans lequel Marc, Frédéric Ellul et leurs enfants retracent la saga de leur aïeul en Tunisie. Nous vous invitons à découvrir ce récit de vie qui nous narre les riches heures d'un immigré maltais devenu bâtisseur de cathédrale et dont la basilique Saint-Louis de Carthage est l'incontestable chef d’œuvre. Voici le texte de la correspondance qui a été rédigée en mars dernier pour nous présenter Guiseppe Ellul, sa famille, ses travaux et ses jours. "Giuseppe Ellul, homme aventurier et doté d’une forte personnalité, né en 1839 à Gudja (Malte), est arrivé en Tunisie en 1861. Tombé amoureux de ce pays et de ses habitants, très bien intégré auprès de la communauté musulmane, notamment par la proximité linguistique entre le maltais et le tunisien, il décide de s’y installer et épouse, en 1863, Catarina Debattista, Maltaise, née à Tunis en 1838, dont le père était déjà entrepreneur dans cette ville. Au décès de Giorgio Debattista, Giuseppe Ellul reprend l’entreprise de son beau-père et réalise ses premières constructions à Tunis et à La Goulette. En 1884, Giuseppe se voit confier par le Vicariat apostolique de Tunisie, la maîtrise d’œuvre en tant qu’entrepreneur de la cathédrale Saint-Louis sur la colline de Byrsa à Carthage. Giuseppe Ellul, s’attele avec passion à la construction qui sera réalisée en un temps record, de 1884 à 1890. Epaulé par son fils Giorgio et des centaines d’ouvriers, il ne ménage pas sa peine pour relever le défi. Les journées sont longues et laborieuses, les matériaux sont montés à dos d’âne depuis le port de la Goulette d’où ils arrivent de Malte ou d’Italie. Les problèmes techniques sont nombreux mais la motivation reste intacte afin de mener à bien la construction de la cathédrale sur cette terre chargée d’histoire. Giuseppe Ellul, Maltais, sujet britannique du fait de la colonisation de Malte par les Anglais, découvre alors d’autres manières de penser le monde et côtoie, sans vraiment s’y mêler, les architectes et notables français et européens, œuvrant pour le financement et l’édification de cette cathédrale. Son français étant encore assez sommaire, il s’exprime avec eux en italien, langue utilisée à Malte pour les échanges administratifs (le maltais, étant, à cette époque, essentiellement une langue parlée). A la consécration de la basilique, en 1890, la famille Ellul était, bien entendu, présente et Giuseppe était fier du travail réalisé, symbole de son intégration et de sa réussite dans son nouveau pays, sous protectorat français depuis 1881. Dans l’assistance, se trouvait un nouveau-né, le fils aîné de Giuseppe, Georgio (dit Joss), qui deviendra un grand architecte à Tunis dans les années 1930-1960, connu notamment pour la construction de bâtiments de style Art Déco, dont l’un des fleurons est la villa Boublil, rue d’Autriche, au Belvédère. Pour montrer son attachement à la famille Ellul, le Cardinal Lavigerie sera, plus tard, le parrain d’un fils de Georgio, Eduardo. La basilique de Carthage a été le témoin de plusieurs évènements qui ont traversé la vie de notre famille comme de celles de nombreuses familles maltaises : baptêmes, mariages et obsèques. Le souvenir de Giuseppe et de Giorgio était toujours présent lors de ces cérémonies. Le temps a passé. Giuseppe et Giorgio (Joss) reposent maintenant au cimetière du Borgel. La famille Ellul, suite aux soubresauts de l’histoire, n’a pas pu continuer à vivre sur la terre tunisienne mais le souvenir de cette belle histoire familiale et de la Tunisie, perdure dans le cœur de ses descendants. Pour ces raisons intimes profondes, pour la beauté de l’édifice, pour le symbole d’une Tunisie, soucieuse de son passé et ouverte sur son avenir, nous, les descendants en ligne directe de Giuseppe Ellul, souhaitons que l’ancienne cathédrale Saint-Louis de Carthage, devenue l’Acropolium, puisse rester un espace culturel ouvert à tous, promouvant la tolérance, la beauté, la spiritualité et le respect de tous. 1884 est également la date où le cardinal Lavigerie a été nommé archevêque de Carthage et Primat d’Afrique. Il est à noter que le cardinal Lavigerie était proche de la communauté maltaise, communauté qui a souvent été utilisée, par le Protectorat Français en Tunisie, comme contrepoids à l’influence de l’importante communauté sicilienne et italienne." Merci beaucoup à la famille Ellul pour cet éclairage historique et pour son engagement à défendre la basilique Saint-Louis de Carthage. Que les aïeux Ellul reposent en paix dans cette Tunisie qu'ils ont aimé et à laquelle ils ont tant donné.



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