Mémoires de Ramadan : Les heures patientes

Mémoires de Ramadan : Les heures patientes
Chroniques
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Les jours de jeûne sont toujours longs à négocier. Et nous aimons les égrener comme un chapelet d'heures patientes et pleinement vécues. À mes yeux, cette œuvre représentant le regretté Ahmed Djellouli, capture beaucoup de l'essence de Ramadan. Seuls, unis à la transcendance et à une vaste communauté, nous effectuons une plongée en nous-mêmes. Les souvenirs sont habités par ces images de parents proches d'une génération qui portait encore la jebba et la chechia. Ils incarnaient une continuité dans la foi et la coutume, jeûnaient depuis le mois de Rejeb et abordaient le mois saint dans la sérénité. Cette image, cette posture figée dans la contemplation et cette blancheur immaculée sont la quintessence de nos aïeux. En cherchant mon lien avec cette photographie, je finis par me convaincre que nous sommes bien des morts anthropologiques. Qu'ai-je en commun avec cet ancêtre ? Qu'avons-nous préservé du feu sacré qu'ils nous ont transmis ? J'en suis convaincu : cultiver la mémoire tunisienne est l'une des figures du combat contre l'islamisme. Car, non content d'avoir fait main basse sur l'Etat, les faussaires de Dieu chercheront inlassablement à voler notre mémoire et falsifier notre histoire.



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