Deux concerts du Nouvel an aujourd'hui à Tunis :  Faut-il s'en réjouir?

Deux concerts du Nouvel an aujourd'hui à Tunis :  Faut-il s'en réjouir?
Chroniques
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Voici une anomalie bien tunisienne! En effet, en ce premier jour de l'année 2020, deux concerts du Nouvel an vont avoir lieu à Tunis.
On ne sait s'il s'agit d'un esprit de complémentarité ou d'une concurrence qui ne dit pas son nom.
Le fait est quel'OST, l'Orchestre symphonique de Tunis (direction Chedi Garfi), se produira aujourd'hui à 17h à la cité de la culture avec un programme proposant entre autres Borodine, Bizet et Strauss.
Pour sa part, le CSO, le Carthage Symphony Orchestra (direction Hafedh Makni), se produit aujourd'hui à 18h Au Théâtre municipal de Tunis avec un programme proposant Borodine, Bizet et Strauss.
Le public aura bien sûr le choix et c'est tant mieux. Pour notre part, nous aurions rêvé d'un concert unifié qui rassemblerait tous les amoureux de la musique classique dans une célébration commune du Nouvel an.
Faut-il se réjouir de cette concurrence, sachant que l'émulation entre musiciens est un facteur de progrès?
Difficile de répondre à cette question lorsqu'on sait les soubassements de cette programmation.
Trois points méritent en ce sens d'être soulignés. En premier lieu, c'est Hafedh Makni qui a instauré cette tradition du concert du Nouvel an, depuis 2013, du temps où il était à la tête de l'Orchestre symphonique de Tunis.
Ensuite, Hafedh Makni a été écarté  de la direction de l'Orchestre symphonique tunisien par le ministre des Affaires culturelles, pour des raisons qui demeurent obscures. Il a alors fondé le Carthage Symphony Orchestra qui a aujourd'hui le vent en poupe.
Enfin, les portes de la cité de la culture sont fermées devant Hafedh Makni et son nouvel orchestre alors que le ministre de tutelle a confié les clés de l'OST à Chedi Garfi et l'a installé à la cité de la culture.
Depuis, et de nombreux observateurs et mélomanes l'ont constaté, la programmation de l'OST épouse toutes les initiatives du CSO alors que les tentatives ministérielles de torpiller la formation fondée par Hafedh Makni ne sont un secret pour personne.
Dernier avatar dans cette compétition malsaine, le concert du Nouvel an organisé quasi-simultanément le 1er janvier.
Heureusement, Chedi Garfi, Hafedh Makni et les musiciens des deux formations sont au-dessus de ces agiotages qui tentent de transformer en champ de bataille la pratique de la musique symphonique.
Il est souhaitable que les deux formations cohabitent dans une saine émulation et que cesse cette concurrence de mauvais aloi et déloyale de surcroît car elle met les moyens du service public au bénéfice des uns contre les autres.
Notre souhait en ce premier jour de l'an est simple. Il est temps de rétablir Hafedh Makni dans ses droits et lui ouvrir les portes de la cité de la culture. Comme il est temps pour Chedi et Garfi, en artistes véritables, de nous convier à un concert-fusion.
Enfin, il est temps de mettre fin à ces manipulations dérisoires et destructrices qui n'ont que trop duré.



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