Pour 87% des Tunisiens, dénoncer la corruption ne changera pas les choses

Pour 87% des Tunisiens, dénoncer la corruption ne changera pas les choses
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L'Instance Nationale de Lutte contre la Corruption (INLUCC) a appelé, à maintes reprises, à faire face à ce fléau qui gangrène la société tunisienne en le dénonçant, haut et fort. Les Tunisiens ne semblent pas du même avis... Selon le récent sondage réalisé par Sigma Conseil, 87% des Tunisiens estiment que dénoncer la corruption ne servira à rien. Seulement 13% affirment l'importance de cette démarche. Les Tunisiens ne considèrent également pas que la situation a changé depuis 2011 : 86% des personnes sondées affirment que la corruption s'est encore plus développée après la révolution. D'ailleurs 21% ont avoué avoir été dans une situation de corruption (népotisme, pot-de-vin etc...).
Une "guerre" contre la corruption
Une source douanière avait annoncé en mars que les recettes issues de la guerre contre la corruption entamée en mai 2017 par le chef du gouvernement, Youssef Chahed ont atteint jusqu’à présent 1,2 milliard de dinars. Ces recettes proviennent principalement des opérations de saisie et des amendes émises par les différents services de la douane tunisienne dans le cadre de cette guerre contre la corruption. En juillet 2017, soit deux mois après le lancement de cette guerre, Youssef Chahed avait indiqué qu’à travers cette campagne, plusieurs réseaux de contrebande ont été démantelés et plusieurs descentes ont été effectuées, ajoutant que les barons de la contrebande ont été identifiés. De la marchandise et des sommes de devise d’une valeur de 700 millions de dinars avain été saisis chez eux. Il faut rappeler que le chef du gouvernement a assuré, à plusieurs reprises, que ces mesures iront jusqu’au bout, et « qu’il s’agissait d’une guerre réelle et politique déclarée contre la corruption ».
"Rentabilité" de la guerre
La question de rentabilité de la guerre contre la corruption avait été évoqué plusieurs fois par Chawki Tabib, président de l'INLUCC. Ce dernier avait suggéré l'année dernière que si l’Etat mobiliserait un budget de 100 millions de dinars (MDT) au profit de l’Instance, il pourra gagner 10 milliards de dinars par an, sous forme de revenus directs alimentant le budget de l’Etat. Cette proposition ne semblent pas être appliquée, vu que Tabib a récemment affirmé que "l’Etat ne veut pas investir dans la lutte contre la corruption". "C’est ce que nous avons pu constater. En dépit du fait que cet investissement régénéra beaucoup de gains", a-t-il regretté.
246 dossiers de corruption transférés à la justice en 2017
L'INLUCC a annoncé qu’au moins 246 dossiers portant sur des soupçons de corruption administrative et financière ont été soumis, en 2017 au ministère public dans les différents tribunaux tunisiens, avant d’être transférés au Pôle judiciaire économique et financier ou aux juges d’instruction. L’INLUCC a indiqué que les principaux chefs d’accusation ayant fait l’objet de poursuites judiciaires concernent des crimes d’extorsion de fonds publics, de falsification des résultats de concours, de manipulation des offres publiques et de réception de pots de vin. Le communiqué ajoute que des responsables du secteur public et privé sont soupçonnés dans ces dossiers. L’Instance a, par ailleurs, expliqué que cette démarche obéît aux dispositions de l’article 13 du décret-loi cadre n° 120 de l’année 2011 relatif à la lutte contre la corruption fixant la mission de l’INLUCC et ses prérogatives.
Indice de perception de la corruption
Selon le dernier rapport de l’ONG Transparency International a publié son nouveau rapport de l’indice de la perception de la corruption pour l’année 2017, la Tunisie a gagné une place par rapport à 2016 et se classe désormais à la 74e place avec un score de 42 points. La Tunisie reste régulière depuis 2012, n’ayant gagné qu’un point (41 points en 2012 et 2013 ; 40 points en 2014 ; 38 points en 2015 ; et 41 points en 2016) depuis que ce rapport existe. Avec 42 points sur 100 dans un classement comprenant 180 pays, la Tunisie arrive en tête des pays du Maghreb. Le Maroc pointe en effet à la 81e place (40 points), l’Algérie à la 112e place (33 points), la Mauritanie à la 143e place (28 points) et la Libye à la 171e place (17 points).



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