Tunisie : Formation professionnelle et emploi

Tunisie : Formation professionnelle et emploi
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Tunis Hebdo | Le dialogue national sur l’emploi, qui a rassemblé la semaine dernière sous la houlette du gouvernement un grand nombre d’opérateurs concernés, a le mérite d’avoir banni le «blablabla», démagogique si fréquent dans nos forums et rencontres, et d’avoir tracé, sans fioritures ni faux-fuyants, le chemin qui mène à la solution de ce bien lourd dossier. Exit les pilotages à vue et les discours ronflants qui ne mènent nulle part. Parmi les questions clés, situées au cœur du débat, figure aujourd’hui la formation professionnelle dans les différents cycles de l’enseignement. Instituée jadis pour repêcher les «déchets scolaires» notamment au niveau du cycle primaire, celle-ci s’avère de nos jours indispensable à tout apprenant en quête d’emploi. La rapidité des mutations qui se produisent dans le monde du travail exige de tout postulant à un métier un recyclage permanent. De tout temps, l’arrivée de nouvelles technologies a entraîné le bouleversement des modèles établis, en modifiant, souvent de manière radicale, notre environnement physique, social et psychologique. Aujourd’hui, elle entraîne une métamorphose profonde dans le monde du travail, modifie le visage de moult professions et impose le recyclage permanent, conforme au rythme et à la nature de cette mutation. Il faut le dire sans équivoque et sans fleur de rhétorique, hélas, que dans vingt ou trente ans, il sera difficile pour un homme –ou une femme– de pratiquer une seule profession dans sa vie active. Les changements intervenus et ceux qui ne manqueront pas de se produire au cours des prochaines années, grâce à la révolution technique qui mène et bouleverse le monde, feront, à de rares exceptions près, que chaque travailleur sera contraint dans sa carrière professionnelle, de changer constamment de métier. Cela fera partie de l’ordre des choses. La Tunisie, partie intégrante de la planète selon le syllogisme cartésien, qui s’est inscrite pleinement dans la mondialisation, sera bien obligée de suivre le mouvement, faute de quoi elle sera abandonnée au bord de la route, hors du cortège des nations dynamiques. Les temps où l’enseignement était indépendant de la vie économique, et constituait une entité à part, sont à jamais révolus. On ne s’instruit plus pour se cultiver sans se préoccuper de son avenir et des besoins du pays. Aussi, la formation et l’enseignement spécialisé ne sont plus des accessoires mais des outils stratégiques pour créer, soutenir et développer l’emploi. Les postes ouverts à un personnel bien formé iront en augmentant dans tous les pays. En revanche, les emplois réservés à des personnes peu ou pas qualifiées continueront à décroître. La réussite sera du côté des pays qui sauront le mieux mobiliser leurs matières grises pour avoir une place dans la «Nouvelle société», où les mots clés seront : Savoir, créativité, innovation, rapidité et valeur ajoutée. Le chômage de quelque deux cent mille Tunisiens, diplômés de l’enseignement supérieur, n’est pas, comme on le prétend souvent, la conséquence directe de la saturation des postes de travail dans les différents secteurs, mais celle d’un enseignement inadapté aux exigences de l’entreprise. Malgré la floraison des filières courtes, celles-ci n’arrivent toujours pas à remplir le rôle qui leur est dévolu. Le débat en cours a mis en évidence l’impérieuse nécessité de renforcer la corrélation entre la matière enseignée et les besoins du marché de l’emploi. Autrement dit, la mise en place d’un réel partenariat, une sorte de cordon ombilical entre l’université et l’unité de production. L’entreprise économique, qui est le principal bénéficiaire de ce partenariat, a, sans doute, en cela, une décision capitale à prendre : apporter une contribution plus appropriée à l’action de formation de son personnel productif en tissant des liens de partenariat avec les centres de formation spécialisés. Cette impérieuse exigence ne concerne pas uniquement le secteur étatique. Elle concerne, à dose égale, le secteur privé. Malgré les diverses mesures incitatives qui lui sont accordées, ce dernier est loin de s’engager sur cette voie. La formation permanente est, en définitive, le maître-mot de la révolution pédagogique qui mène et bouleverse le monde du travail. Elle conditionne toute velléité de réussite durable.

Tahar SELMI




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