Transaction suspecte ? Un joyau de la couronne tunisienne mis en vente à Monaco

Transaction suspecte ? Un joyau de la couronne tunisienne mis en vente à Monaco
National
print



C'est jeudi prochain à Monaco, à l’hôtel des ventes de Monte Carlo, que devrait avoir lieu une vente aux enchères d'objets artistiques et historiques de diverses provenances. Parmi les différents lots, un important bijou historique provenant de la cour beylicale de Tunisie est propose à la vente dans une fourchette de valeur située entre 30.000 et 50.000 euros.
L'émeraude du ceinturon des beys du trône
Cette émeraude était sertie dans le ceinturon de la tenue officielle des beys. D'un poids brut de 110 carats, elle est d'une assez grosse dimension (27/25/21). Ce bijou aurait été démonté de son ceinturon d'origine en 1957 puis placé dans sa monture actuelle, sertie de rubis. L'authenticité du bijou ne fait aucun doute:  il est d'ailleurs accompagné d'un certificat de la chambre de commerce et d'industrie de Paris ainsi que d'une lettre autographe de Soliman Bey, attestant l'origine historique de la pierre. Malgré ces documents, cette vente peut avoir des origines douteuses qui devraient pousser l'Etat tunisien à réagir. Trois facteurs plaident en ce sens:
Un faisceau de présomptions
1. Cette pierre précieuse a été listée comme manquante par la Trésorerie générale tunisienne lors d'un inventaire dressé en 1992 à l'occasion d'une exposition qui devait se tenir à Paris pour l'année de la Tunisie en France. Cette exposition avait par ailleurs été annulée. 2. Le descriptif dans le catalogue de la vente monégasque laisse entendre que ce sont les descendants de Lamine Bey qui auraient vendu cette émeraude. Or, cette pierre a en principe été saisie en 1957 par l'Etat tunisien qui, en droit, dispose de la propriété légitime sur ce bien. 3. Le catalogue des ventes confond dans une photo Moncef Bey et Ahmed Bey ! On peut concevoir qu'une confusion est toujours possible. Toutefois, les vendeurs de l'objet auraient dû se rendre compte de cette erreur flagrante et la faire rectifier.
Une composante inaliénable du patrimoine national
Ce faisceau de présomptions nous fait douter, ainsi que nos sources, du bien-fondé de cette vente d'une pièce du patrimoine inaliénable de la Tunisie. L'Etat tunisien, à travers son Institut national du Patrimoine et ses organes compétents devrait réagir face à cette vente aux enchères d'une émeraude originalement sertie sur le ceinturon de la tenue officielle des beys du trône. L'ambassade tunisienne en France, notre représentation diplomatique la plus proche de Monaco, devrait se saisir de cette affaire et, pourquoi pas, mettre en branle l'arsenal juridique qui permettrait de rapatrier cette pierre précieuse en Tunisie.



André Parant juge nécessaire de préserver les acquis démocratiques en Tunisie

Précédent

Phosphate : Vers le lancement d’un projet tuniso-chinois

Suivant