Restitution des avoirs spoliés – Haïti et le Zaïre, les deux mauvais exemples qui horrifient la Tunisie

Restitution des avoirs spoliés – Haïti et le Zaïre, les deux mauvais exemples qui horrifient la Tunisie
National
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La Tunisie ne verra pas de sitôt l’argent caché en Suisse de l’ancien président Zine El Abidine Ben Ali, d’après un diplomate suisse. Intervenant dans le cadre d’une conférence, à Genève, sur le thème «Blocage et restitution des avoirs des potentats : où en est-on ?», Valentin Zellweger, chef de la direction du droit international au ministère suisse des Affaires étrangères, a affirmé que son pays n’a restitué, jusque-là, aucun franc suisse à l’Etat tunisien, a rapporté Le Point.fr. En avril 2014, cependant, Michael Lauber, procureur général de la Confédération, avait annoncé la restitution imminente et «anticipée» à la Tunisie de 35 millions de francs suisses (l’équivalent de 62 millions de dinars) saisis sur les comptes de Belhassen Trabelsi. Mais cette décision peut faire l’objet d’un recours auprès du Tribunal pénal fédéral, et l’affaire risque de s’éterniser, surtout que les riches détenteurs de ces comptes peuvent s’offrir les services des meilleurs avocats. Par ailleurs, Valentin Zellweger a rappelé que l’Egypte se trouve dans une situation identique à la Tunisie, puisque la Suisse n’a pas restitué les 700 millions de dollars placés dans des banques par l’entourage de l’ancien président Hosni Moubarak. Il a cité, également, le cas d’Haïti, qui n’a pas encore pu mettre la main sur les avoirs, bloqués depuis 1986, de l’ancien dictateur Jean-Claude Duvalier. La République démocratique du Congo (ex-Zaïre) a vu, quant à elle, la Suisse restituer les avoirs de l’ancien président Mobutu Sese Seko à sa famille. «Nous sommes confrontés à des États défaillants, a affirmé Zellweger. Que peut-on faire si un pays ne poursuit pas un ancien potentat ?». Il s’interroge, aussi, sur la partie à qui il faut restituer l’argent. Pour ce qui est du cas Duvalier, il a indiqué que la justice suisse a eu plusieurs contacts avec des magistrats haïtiens, mais ces derniers souhaitaient transférer les avoirs récupérés sur leurs comptes personnels qu’ils envisagent d’ouvrir en Suisse. Valentin Zellweger a souligné la difficulté de la restitution de ces avoirs, face à des «potentats» qui recourent à des montages très sophistiqués. De passage en Suisse, début mars 2014, le président provisoire de la République, Mohamed Moncef Marzouki, avait marqué son indignation face au déblocage de quatre comptes bancaires appartenant à des personnes de l’entourage de Zine El Abidine Ben Ali.Il avait, également, sollicité l’aide de la Suisse pour récupéré cet argent spolié. «La Suisse pourrait […] nous aider en récupérant nos biens volés […] Même si légalement il y a quelque chose, éthiquement ce n’est pas possible que des gens qui ont volé le peuple tunisien puissent avoir des comptes en Suisse et qu’on leur rende cet argent. On nous a parlé, à un moment donné, de soixante millions, mais nous pensons qu’il y a probablement dix fois plus», a ajouté Moncef Marzouki.



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