Tarhouni : toutes les unités spéciales contre les Trabelsi, mais pas contre Ben Ali !

Tarhouni : toutes les unités spéciales contre les Trabelsi, mais pas contre Ben Ali !
National
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Le chef de la direction de l'antiterrorisme au ministre de l'Intérieur, le colonel Samir Tarhouni, a donné, aujourd’hui, une conférence de presse, dans l’enceinte du Premier ministère, pour éclairer l'opinion publique sur les circonstances de l'arrestation de membres de la famille Trabelsi, à l’aéroport Tunis-Carthage, par une brigade relevant de sa direction, alors qu'ils tentaient de quitter le territoire tunisien. Le 14 janvier, aux alentours de 14 heures, Samir Tarhouni reçoit un coup de téléphone qui le prévient que des avions à l’aéroport Tunis-Carthage allaient quitter le pays avec des membres familles Ben Ali/Trabelsi. Les détails rapportés au cours de la conférence de presse (voir en bas de page les vidéos) reprennent, à peu près, ce qui a été dit dans certains médias. En substance, toutes les brigades se sont unies ce jour-là pour empêcher, à la fois, que les personnes appartenant au régime ne quittent le territoire tunisien et pour « damer le pion » aux responsables de la sécurité du palais de Carthage, Seriati en premier lieu. Ce jour, qualifié d’historique par Tarhouni, a vu la BAT (Brigade anti-terroriste) œuvrer main dans la main avec l'USGN (unité spéciale de la Garde nationale du Palais) et la BIR (Brigade d'intervention rapide), soit pas moins de 170 agents des différentes unités spéciales. Tarhouni a bénéficié de coups de chance comme il l'a laissé entendre. D'abord la complicité de son épouse qui travaille à la tour de contrôle de Tunis-Carthage dans le repérage des avions se préparant à embarquer les Trabelsi. Ensuite, l'allégement du trafic auto qui leur a permis, lui et ses hommes, d'arriver rapidement. L'élément fondamental de cette conférence est l'attitude de Tarhouni face aux différents appels pour libérer les Trabelsi de la part de Jalel Boudriga l'ex-directeur général des brigades d'intervention et Seriati, auxquels le chef de la direction de l'antiterrorisme au ministre de l'Intérieur a répondu par le fait qu’il a reçu des instructions de « Dieu » et ainsi il n’a laissé aucun d'eux partir. A la question « pourquoi n'avez-vous pas arrêté l'avion de Ben Ali ? », Tarhouni a répondu que l'appareil présidentiel se trouvait à l’aéroport militaire de l’Aouina, alors que l’équipe d’intervention se trouvait à trois kilomètres, à l’aéroport civil. A la question « Pourquoi Cyrine Ben Ali, arrivée bien avant les Trabelsi à Tunis-Carthage, n'a-t-elle pas été arrêtée ? », Tarhoumi a répondu qu'elle n'était pas considérée comme une cible importante et ne pèsait pas autant que certains Trabelsi, dont l’arrestation constituait cette « main qui fait mal ». A la question « quelle a été la réaction de Seriati ? », Tarhouni a répondu que Seriati n'a rien pu faire, parce qu'il n'avait plus d'unité d'envergure sous ses ordres, le gros des brigades s’est uni pour la même cause. « Ainsi, Dieu merci, un bain de sang a été évité », selon les propos du chef de la direction de l'antiterrorisme au ministre de l'Intérieur. Sachant que Sami SkikSalem, le commandant de la Garde nationale chargé de la sécurité du Président, a été contacté par Tarhouni et a accepté de l'aider, une question a été posée sur ce qui a pu empêcher SkikSalem de procéder à l'arrestation du déchu alors qu'il était dans son palais. Tarhouni a expliqué qu'il n'a pu être informé de ce qu'a fait SkikSalem et inversement que deux jours après ! Par ailleurs, Tarhouni a déclaré que Mohamed Ghannouchi lui a téléphoné 5 minutes après la première intervention, annonçant l’application de l'article 56 dans la nuit du 14 janvier, et lui à demandé « Qui va diriger le pays ? » et Tarhouni de répondre : « Nous ! Notre devoir est de servir la nation et à vous de diriger le pays ». Ceci dit, les révélations de Tarhouni ne jettent pas davantage de lumière sur les conditions dans lesquelles Ben Ali a quitté le pays. C'est vrai que cela nous fournit une information de taille quant à l'"ambiance" qui a régné, au palais de Carthage, avant le départ de Ben Ali, mais ne nous renseigne pas plus sur ce départ, ou plutôt une fuite. Une fuite préparée ? Un coup d’État ? On n'en saura pas plus, le flou, sur ce plan, demeure entier.




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