A la Goulette avec la Madone de Trapani : Fiers de notre Tunisie plurielle!

A la Goulette avec la Madone de Trapani : Fiers de notre Tunisie plurielle!
Chroniques
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Hier, l'église de la Goulette s'est avérée trop petite pour accueillir toutes celles et ceux qui se sont rendus à la messe du 15 août suivie de la procession symbolique de Notre-Dame de Trapani. Cette tradition goulettoise a été pleinement respectée et la statue de la Madone a déambulé pour quelques instants sur le parvis de l'église puis au-delà du portail. J'ai pleinement vécu et goûté ce moment historique. Car le fait que la procession ait pu cette année faire quelques mètres de plus - qui plus est dans l'espace public - est un signe qui ne trompe pas sur la bonne volonté des autorités tunisiennes. Car, ces quelques pas sont historiques dans la mesure où ils nous invitent à considérer qu'il est temps de repenser certaines clauses du Modus Vivendi qui lie l'église catholique et le gouvernement tunisien. Selon cet accord, les processions ne sont pas bienvenues dans l'espace public et en outre, les cloches ne doivent pas résonner. Hier, j'avais au cœur cette exception de la Madone de Trapani dont la baraka se répand sur la Goulette. Et je formule le vœu que cette procession soit l'année prochaine plus importante, qu'elle fasse quelques pas de plus dans le quartier de la Petite Sicile, peut-être même le tour de l'église. Hier, tous les Tunisiens présents à l'église étaient fiers. Qu'ils soient musulmans, chrétiens ou juifs, ils étaient tous là. Heureux de constater que la Tunisie plurielle vivait toujours. Hier, plusieurs résidents et de nombreux touristes étaient également présents. Certains avaient fait le déplacement des villes voisines du Cap Bon ou de la région de Bizerte. Dans la ferveur des chants et des hymnes, la Madone rayonnait et la Tunisie rayonnait aussi. Dans la salle de prières et aussi sur le parvis de l'église, des centaines de personnes communiaient autour d'une tradition goulettoise, le symbole par excellence de la Goulette. Plusieurs notables ont assisté à cette messe parmi lesquels la maire de la Goulette et le délégué de la région. Une présence symbolique qui en dit long sur les prédispositions des autorités à rendre à notre Madone ses lettres de noblesse. Hier, tout le monde percevait ce retour de la convivialité et ces retrouvailles de la grande famille des Tunisiens de toutes confessions. J'ai eu pour ma part la joie de prononcer en prélude à la messe et à la procession un éloge de l'abbé Leynaud et du père Saliba qui furent les curés de cette église et auxquels nous devons la naissance de cette tradition. Mais ce n'est pas le plus important car la phrase qui m'a réchauffé le cœur est venue d'un ami qui constatait: "Le 13 août, Nabeul a accueilli le pèlerinage annuel consacré au rabbin Yacoub Slama. Aujourd'hui, nous voici célébrant Notre-Dame de Trapani à la Goulette. Et demain, ce seront les kharjas de la tradition qui, cette année précéderont l'avènement de la nouvelle année hégirienne". Cette simple phrase en dit si long sur notre identité, notre personnalité et notre Tunisianité. Soyons fiers de notre nation, de notre petit pays où il fait bon vivre. Et reconstruisons l'arc-en ciel de nos différences qui sont au fond notre ciment. Un geste des pouvoirs publics pour cette procession démontrerait que nous allons dans la bonne direction. Et, si le monde entier regarde notre transition démocratique, montrons lui aussi notre Tunisie plurielle et assumons notre liberté de conscience. Et, quitte à radoter un peu, je le répète: hier à la Goulette, j'ai plus que jamais perçu dans une assistance bigarrée cette fierté d'être Tunisiens. Et, pour respecter les coutumes, je terminerai par "Viva la Madona di Trapani" qui a fusé à plusieurs reprises hier, dans le sillage de la Sainte Vierge.

H.B. 




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