Tunisie : Sur nos routes, moins d’accidents, plus de morts !

Tunisie : Sur nos routes, moins d’accidents, plus de morts !
Tunis-Hebdo
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  • Noureddine Sayadi (directeur de la circulation) : «L’OMS affirme que nous sous-estimons les chiffres sur la sécurité routière !»
Conduire en Tunisie n’est pas une promenade de santé. Incivisme, vitesse et impunité sont autant de comportements qui font que la mort nous attend au tournant.
«Portières désarticulées, toits arrachés, pare-chocs brisés... Les voitures bondissent sur les routes dans les vrombissements rauques de la mécanique et le ferraillement des tôles déchirées. Et les corps humains, projetés dans les airs, disloqués, flambent comme des torches, explosent dans un ciel d’apocalypse». Ce synopsis de Mad Max, célèbre road movie australien, illustre avec exactitude le drame du 27 avril dernier dans le gouvernorat de Sidi Bouzid. Douze ouvriers agricoles (7 femmes et 5 hommes) ont atrocement perdu la vie dans un accident de la route à Sabala. «Qui sème des graines récolte la mort», diriez-vous. Que Dieu ait pitié de leurs âmes... La tragédie a fait l’effet d’une bombe. Très vite, les index de l’opinion publique se pointent sur les politiques. Des hommes et des femmes déconnectés de la réalité et qui n’ont pas la moindre idée de ce qui se trame au quotidien sur nos routes de campagne. Depuis 2011, le laxisme de nos institutions a engendré l’éclosion d’une contrebande sans foi ni loi. Des centaines de véhicules 4X4 sillonnent nos contrées à tous berzingue sans se soucier de la moindre signalisation ni des pauvres gens qui errent dans l’obscurité sur les bas-côtés des routes. Les infractions se multiplient : excès de vitesse, conduite en contresens sur l’autoroute, véhicule surchargé ou inapte à rouler, etc. Pendant ce temps, les agents de la circulation distribuent quelques contraventions de routine aux habitués de l’axe Bizerte-Tunis-Sousse, histoire d’atteindre un quota. Certes, le nombre d’accidents de la route a baissé depuis une dizaine d’années en Tunisie. Les radars et les nouvelles réglementations concernant le port de la ceinture de sécurité y sont pour quelque chose. Mais les morts sont toujours aussi nombreux. Selon Noureddine Sayadi, Directeur de la circulation au ministère du Transport, «7500 accidents de la route engendrent, chaque année, 12.000 blessés et 1500 morts, soit une incidence de 15 morts pour 100.000 habitants. Des chiffres très en deçà de la réalité d’après l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qui estime que l’incidence est, en fait, de 22 morts pour 100.000 habitants». Notons qu’en termes de traitements des données statistiques et épidémiologiques, l’OMS place la Tunisie en classe 4, signifiant que notre pays est confronté à un niveau très élevé de fraudes dans la publication des chiffres. La raison pour laquelle le nombre de morts n’a pas diminué sur nos routes est due, comme évoqué précédemment, à l’automobilisation massive dans les régions rurales et à l’absence ou à l’incapacité des forces de l’ordre à faire respecter la loi dans lesdites régions. Serait-ce le manque de moyens qui dissuade notre police d’exercer son autorité ou plutôt le mépris de l’Etat à l’égard de cette autre Tunisie des temps anciens, qui semble être un fardeau pour la société moderne ? Pour notre part, nous pencherons pour la deuxième hypothèse...

Mohamed Habib LADJIMI Tunis-Hebdo du 20/05/2019




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