L’Institut national de la statistique (INS) vient de publier les derniers chiffres concernant l’évolution de l’indice des prix à la consommation familiale (IPC) de 2013 à octobre 2018. Un rapide aperçu nous indique que tous les secteurs clés de l’économie sont touchés par une augmentation considérable des prix. Mais jusqu’où ira-t-on ?
Tout porte à croire que la Révolution n’a pas fait un bien fou à notre porte-monnaie car, depuis 2011, le coût de la vie est devenu le sujet central de toutes les discussions. Toutes les classes sociales sont touchées par la hausse des prix des denrées alimentaires, des vêtements ou plus récemment, du carburant.
La classe moyenne se voit tiraillée par une minorité extrêmement riche et une grande majorité qui n’arrive plus à boucler la fin du mois ou pire, qui n’a pas de quoi entamer le prochain mois.
Nombreux sont les facteurs qui expliquent la flambée de ces prix. Certains experts parlent de l’onde de choc de la crise économique de 2007 à 2012 qui a ravagé les Etats-Unis et l’Europe, d’autres de l’instabilité politique du pays qui a contraint les investisseurs étrangers à plier bagage et à trouver une nouvelle terre d’accueil.
Toutefois, tout le monde s’accorde à dire que la chute vertigineuse du dinar (DT) face aux devises étrangères (1 euro = 3,300 DT ; 1 dollar US = 2,916 DT au 16 novembre 2018) reste la principale préoccupation des citoyens tunisiens dont le pays n’arrête pas d’importer des produits de première nécessité. Ainsi donc, nous voilà confrontés à un bilan sur l’évolution des prix à la consommation qui fait froid dans le dos.
«Sur les douze secteurs économiques de base, onze ont connu une augmentation de leur IPC
entre 2013 et octobre 2018»
D’après les chiffres de l’INS, l’IPC regroupant l’ensemble des secteurs de consommation du mois d’octobre 2018 est de 151,9 contre 115,1 pour l’année 2013, soit une augmentation du coût de la vie de 31,97% en cinq ans. Il est intéressant de noter que, malgré la hausse des prix depuis 2013, le taux d’augmentation annuel, compris généralement entre 3 et 5%, n’a fait que diminuer entre 2013/2014 (4,95%), 2014/2015 (4,80%) et 2015/2016 (3,79%).
Cependant, ce taux passa au dessus de la barre des 5% entre 2016/2017 (5,25%) avant de s’accentuer entre 2017/2018 suite à l’application du projet de loi de finances de 2018.
Sur les douze secteurs économiques de base analysés par l’INS, onze ont connu une augmentation de leur IPC entre 2013 et octobre 2018 : +30,81% pour les produits alimentaires et les boissons non alcoolisées, +23,69% pour les boissons alcoolisées et le tabac, +47,62% pour les articles d’habillement et les chaussures, +31,67% pour le logement, l’eau, le gaz et l’électricité, +34,67% pour les meubles, les articles de ménage et l’entretien courant du foyer, +19,31% pour la santé, +32,80% pour le transport, +22,50% pour les loisirs et la culture, +39,68% pour l’enseignement, +46,00% pour les restaurants et les hôtels et +43,06% pour les biens et services divers.
À noter que seul le secteur de la communication (cartes téléphoniques, prix des téléphones portables, services postaux) a connu une diminution de -0,58% durant cette période.
Si l’on se réfère à l’évolution mensuelle de l’IPC au cours de ces dernières années, on constate que la principale majoration (de l’ordre de 2%) de tous les secteurs a lieu entre juillet et août. Période à laquelle les Tunisiens consomment le plus, aussi bien en énergie qu’en soirées, loisirs, vacances et autres activités spécifiques à l’été.
En attendant, le projet de loi de finances de 2019 qui se veut plus social que son prédécesseur, les Tunisiens se demandent s’ils n’auront plus que leur portable à manger.
Mohamed Habib LADJIMI
Tunis-Hebdo du 19/11/2018