DROITS DE L’HOMME |
« Quand on m’a contactée, je n’étais même pas informée qu’on m’avait nominée pour le prix Anna Lindh 2014 [1]. On m’a dit que la vice-présidence de l’Assemblée constituante Meherzia Labidi et moi avions été choisies et que c’était moi qui l’avait eu finalement. J’ai été contente bien sûr car parfois on doute de soi et on a besoin de reconnaissance, même si elle est internationale », nous a déclaré la militante féministe Bochra Bel Haj Hamida.
Le 11 septembre prochain, elle prendra l’avion vers la Suède pour la cérémonie.
Ravie que ce prix Anna Lindh soit décerné à une arabe
L’avocate, membre de l’Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD), qui s’est illustrée par son activisme pendant des années contre la dictature, alors qu’à peine une minorité osait s’y opposer au nom des droits de l’homme, a continué son combat jusqu’à aujourd’hui.
Toujours disponible pour défendre les causes, particulièrement celles où elle se retrouve à contre-courant de l’opinion publique. Défendre Jabeur- accusé d’atteinte au sacré- ou des intégristes tunisiens -emprisonnés à Guantánamo-, pour elle, seuls les droits de l’homme comptent, avec leurs caractères universels, inaliénables, interdépendants, indivisibles et immuables.
Malgré les quolibets de ceux qui l’ont découvert après la révolution en 2011, quand tout le monde s’est transformé d’ « apolitique » à « expert d’analyse politicienne », Mme Bel Haj Hamida persévère.
« J’ai toujours été du côté des droits de l’homme, notamment pour les personnes les moins reconnues, » nous a-t-elle affirmé, car d’après elle les causes ne devraient pas être « sélectives », selon tel ou tel individu. « Cependant, pour ce prix, j’ai été contente qu’il soit décerné à une « Arabe » ; l’année dernière c’était pour l’ex-secrétaire d’Etat des États-Unis Madeleine Albright. Comme si « être arabe devenait « une tare » pour être pro-« droits de l’homme », d’où l’importance de cette reconnaissance », explique la militante tunisienne.
Avec Nidaa Tounes, fléchira-t-elle sous la pression de la politique ?
L’avocate s’est engagée avec le parti Nidaa Tounes, conduit par d’anciennes figures du régime d’avant 2011. Elle est candidate pour les prochaines législatives sur la liste Tunis 2. Le comité du bureau politique du parti confirmera dans 48 heures sa candidature.
Certaines personnes ont déclaré que bien qu’ils soient réticents à son parti, ils voteront pour son nom, car ils croient en elle. Est-ce que la militante fléchira face aux pressions de la politique si Nidaa Tounes gagne des sièges et qu’elle se retrouve élue dans la nouvelle Assemblée du Peuple ?
« Pour moi, les droits de l’homme ne sont pas sujets au « consensus », d’ailleurs on m’appelle « Bochra Al 7oukoukiya » (la militante des droits de l’homme) à Nidaa », nous a-t-elle répondu avec assurance.
« A mes ami(e)s qui m’ont félicité pour le prix Anna Lindh je vous dis MERCI et ce prix est pour VOUS. A ceux et celles qui me critiquent merci aussi vous m’aidez à prendre conscience de mes erreurs et faiblesses et sachez que je n’arrête pas de me soigner. À ceux qui profitent de cette occasion pour essayer de me dévaloriser merci aussi grâce à vous je me sens plus forte et plus libre. A tous et à toutes très bonne fête », écrit-elle ce mardi 12 août sur son mur Facebook.
[1] : Fondation Anna Lindh
Depuis 2005, la FAL a lancé et soutenu l’action à travers les champs ayant un impact sur les perceptions mutuelles-l’éducation, la culture et les médias- ainsi que le développement d’un réseau régional de plus de 4000 organisations de la société civile. Grâce à ses actions et réflexions, la FAL vise à contribuer à l’élaboration d’une stratégie interculturelle pour la région Euro-Méditeranéenne fournissant des recommandations pour les décideurs et les institutions et défendant les valeurs communes.
L’objectif principal de la FAL est de surmonter les malentendus et les stéréotypes qui affectent les relations entre et au sein des sociétés de la région, une tâche qui est devenu d’une importance capitale durant la dernière décennie. Comme contribution à la création d’un espace de prospérité, de coexistence et de paix, la FAL œuvre à restaurer la confiance dans le dialogue et à combler les lacunes des perceptions mutuelles ainsi que la promotion de la diversité et de la coexistence.