Le taux de change de la monnaie tunisienne s’est fortement déprécié par rapport au billet vert, avec 3,1011 dinars le 1 dollar, à la date du 4 mai 2022, alors qu’elle valait à la même date de l’année dernière 2,7618 dinars.
Le dinar tunisien n’en finit pas de manger son pain noir. Accablé ces derniers mois par la hausse de l’euro, il concède, aujourd’hui, à l’instar, par ailleurs, de toutes les monnaies faibles, des points au billet vert.
A quoi cela est-il dû ? Si les profanes se creusent les méninges pour en déceler les causes, les personnes versées dans les arcanes de la chose économique s’attendaient à cette dépréciation au vu de ce qui se passe depuis bientôt trois mois en Ukraine.
La montée des craintes liées à cette guerre et les anticipations de la baisse de la croissance économique en Europe, ont, en effet, poussé les investisseurs à vendre des euros et acheter des dollars, valeur refuge par excellence. Ce qui l’a fait apprécier mécaniquement. Mais ce n’est pas tout.
La hausse de la valeur du dollar est motivée, aussi, par l’intention de la FED (réserve fédérale américaine) de procéder à des augmentations successives de taux d’intérêt pour freiner une inflation (locale) jugée la plus forte en 40 ans. La Réserve fédérale des États-Unis a augmenté, mercredi 4 mai, son taux d’intérêt de référence à court terme d’un demi-point de pourcentage – sa hausse la plus importante depuis 2000.
Ceci a, par conséquent, poussé les investisseurs à convertir des euros en dollars pour anticiper une dépréciation encore plus prononcé de la monnaie unique par rapport au billet vert. Ce qui est tout à fait logique.
Mais il ne faut attribuer la dépréciation du dinar tunisien par rapport au dollar uniquement à la guerre en Ukraine et aux décisions de la Fed. Si le dinar dégringole par rapport au billet vert, c’est, surtout, parce que notre balance commerciale se creuse dangereusement en raison du renchérissement des importations des produits pétroliers et céréaliers.
Il va sans dire que lorsqu’il y a une sortie massive de devise contre une entrée réduite de monnaies étrangères, le dinar se déprécie, mécaniquement cela va de soi.
Ceci étant dit, que peuvent faire nos autorités monétaires pour redresser la barre ? Rien, absolument rien… juste implorer Dieu pour que la guerre en Ukraine cesse, que les réfugiés (de cette guerre) viennent se faire une santé sur nos plages (et dans nos cliniques), en dollars si possible, et que nos exportations se redressent, principalement celles du phosphate.
« Le monde est plein de magie. Il suffit d’y croire », disait une citation célèbre.
Chahir CHAKROUN
Tunis-Hebdo du 09/05/2022